Côte d’Ivoire : les rois de la fève

Créée il y a onze ans, l’entreprise de négoce SAF Cacao, numéro trois du marché, tutoie déjà les multinationales. Un parcours sans faute que son trio de fondateurs entend bien poursuivre.

Usine de SAF Cacao à San Pedro. © Nabil Zorkot pour Jeune Afrique

Usine de SAF Cacao à San Pedro. © Nabil Zorkot pour Jeune Afrique

Publié le 17 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

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SAF Cacao, c’est l’histoire de trois associés ivoiro-libanais, dont l’aventure s’est muée en véritable success-story. En 2004, Ali Lakiss – le directeur général, aujourd’hui âgé de 50 ans – fonde avec deux frères, Ahmed (54 ans) et Adnan Amer (49 ans), la Société Amer et frères Cacao. La première année, l’entreprise vend 40 000 tonnes de fèves, puis 65 000 en 2005. Depuis, elle est devenue le troisième négociant de fèves de cacao en Côte d’Ivoire, après les géants suisse Barry Callebaut et américain Cargill Cocoa. Elle en commercialise 150 000 t par campagne, ainsi que 15 000 t de café.

Une belle ascension

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Mais SAF Cacao ne se contente pas d’exporter. En septembre 2008, les trois associés décident de se lancer dans le broyage. Avec l’aide des banques locales, ils investissent 20 millions d’euros pour fonder Choco Ivoire, une usine d’une capacité de 100 000 t installée à San Pedro. Une fierté nationale. Jean-Claude Brou, ministre de l’Industrie et des Mines, et Jean-Louis Billon, ministre du Commerce, ne cachent pas leur admiration pour le parcours sans faute de cette entreprise, qui vient d’obtenir auprès de la banque panafricaine Afreximbank une ligne de crédit supplémentaire pour l’acquisition de nouveaux équipements. Choco Ivoire prévoit de tripler sa production dans les trois ans pour atteindre les 100 000 t de fèves broyées chaque année.

La réforme de la filière café-cacao mise en œuvre dans le pays depuis 2012 permet aujourd’hui à l’entreprise d’espérer remplir ses objectifs. Même si la fiscalité applicable sur la transformation du cacao grignote les marges, « nous sommes optimistes car, grâce à cette réforme, les fèves sont de meilleure qualité », apprécie Ali Lakiss.

Dans un contexte difficile, le groupe a vu son chiffre d’affaires passer de 150 à 250 millions d’euros en quelques années

Un avenir prometteur

À l’avenir, SAF Cacao prévoit d’agrandir ses installations au port d’Abidjan, où elle envisage aussi de monter une unité de broyage, et à San Pedro. Ces projets, encore à l’étude, dépendront d’abord de la rentabilité des structures existantes. Le groupe a vu son chiffre d’affaires passer de 150 à 250 millions d’euros en quelques années. La situation paraît donc plutôt satisfaisante dans un secteur où la plupart des sociétés ivoiriennes éprouvent, elles, des difficultés.

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Dans ce contexte, pas question d’ouvrir le capital à des investisseurs, d’autant que les fluctuations des cours mondiaux du cacao n’ont pas affecté la bonne santé du négociant. L’embellie constatée sur les marchés internationaux laisse même espérer que SAF Cacao pourra continuer de jouer les premiers rôles devant des multi-nationales comme le singapourien Olam, sa filiale Outspan, le français Sucden ou l’ivoirien Zamacom.

En attendant, les trois dirigeants mettent toutes leurs chances de leur côté en s’entourant des techniciens les plus aguerris, allant débaucher jusqu’en Europe pour être certains de travailler selon les meilleurs standards internationaux. « Le métier du broyage est délicat et rigoureux. Nous voulons proposer des produits semi-finis exempts de tout reproche à des chocolatiers toujours très exigeants », explique Ali Lakiss. Tout en parlant, l’homme d’affaires garde les yeux rivés sur l’écran de son téléphone portable pour suivre en direct les cours du cacao à Londres et à New York.

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