Charles Konan Banny : « Beaucoup d’Ivoiriens souhaitaient que je franchisse le pas »

Le baron du PDCI et ancien Premier ministre se présente à l’élection présidentielle, même s’il estime que les conditions d’un scrutin équitable ne sont pas réunies.

Charles Konan Banny, juillet 2015 © Sandra Rocha, pour J.A.

Charles Konan Banny, juillet 2015 © Sandra Rocha, pour J.A.

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Publié le 16 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Alassane Ouattara en mai 2011. © Franck Castel/Wostok Press
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Côte d’Ivoire : 2011-2015, le vrai bilan

Cinq ans après le scrutin de 2010, les Ivoiriens s’apprêtent à retourner aux urnes pour élire leur président. Le point sur les réalisations d’Alassane Ouattara, qui brigue un nouveau mandat… et sur les défis qui attendent un pays en voie d’apaisement.

Sommaire

En décembre 2014, l’ancien gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO,1990-2005), devenu Premier ministre sous Laurent Gbagbo (2005-2007) puis nommé par Alassane Ouattara à la tête de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (2011-2014), a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2015. Quitte à passer outre la consigne de son camp, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dont le chef, Henri Konan Bédié, a appelé à voter pour le président Alassane Ouattara.

Jeune Afriqu: Après avoir longtemps hésité, vous avez annoncé votre candidature en décembre. Qu’est-ce qui vous a finalement décidé ?

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Charles Konan Banny : Dire que j’ai hésité est à moitié vrai. Il y a énormément d’Ivoiriens, depuis bien longtemps, qui attendaient une déclaration de candidature à la présidentielle de Charles Konan Banny. Déjà aux élections passées, beaucoup de jeunes, de femmes, de militants, de mon parti ou non, ont pensé que je devais être candidat. Je vous rappelle que j’étais Premier ministre lorsque le pays était en crise. J’ai donc quelques états de services et je crois que mes passages au pouvoir n’ont pas laissé indifférents les Ivoiriens, au point que beaucoup souhaitaient que je franchisse le pas.

En tant qu’économiste, comment jugez-vous ce premier mandat d’Alassane Ouattara ?

En matière économique, lorsqu’un pays descend dans les enfers et qu’il atteint le fond du trou, qu’est-ce qu’il lui reste à faire ? Y rester ou rebondir. C’est un « rattrapage », pour utiliser un terme mis à l’honneur par Alassane Ouattara depuis son arrivée au pouvoir… La Côte d’Ivoire est donc en période de rebond, c’est incontestable. Tout le monde voit que l’indice de croissance augmente. Mais dans un pays, il y a d’autres données qui comptent, comme le partage de la richesse créée. Allez demander aux gens de communes d’Abidjan comme Treichville, Attécoubé ou Yopougon ou aux villageois s’ils ont leur part ! La pauvreté et le chômage des jeunes s’accroissent. Ces données économiques aussi sont incontestables.

Comment faire justement pour mieux « partager le gâteau » ?

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Nous ferons des propositions lorsque nous serons au pouvoir.

Ne pensez-vous pas qu’il faille justement les exposer pour convaincre les Ivoiriens de voter pour vous ?

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Ne rien dire fait pour le moment partie de notre stratégie. Et ne vous inquiétez pas, nous avons suffisamment d’expertise au sein de la coalition, je suis moi-même économiste. Les Ivoiriens sauront au moment voulu.

Les conditions pour que l’élection se déroule de manière apaisée sont-elles réunies ?

Non. Et c’est l’opinion d’une majorité d’Ivoiriens. La composition de la Commission électorale doit être équitable. Il faut que ses membres soient représentatifs de la diversité politique, et ça n’est pas le cas. En outre, son président est élu pour un mandat de six ans non renouvelable, l’actuel titulaire du poste n’aurait donc pas dû être reconduit. Il ne faut pas oublier non plus que, pour la première fois en Côte d’Ivoire, le Conseil constitutionnel est unicolore. Enfin, la confection des listes électorales a été compromise par la multiplication des faux papiers d’identité. Le gouvernement doit prendre conscience qu’il existe de nombreux périls.

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