Côte d’Ivoire : programme de construction massive
Il y a cinq ans, Alassane Ouattara avait promis de réaliser 60 000 logements sociaux. Plus de 80 % des chantiers sont concentrés à Abidjan, où les premières maisons sortent de terre.
Côte d’Ivoire : 2011-2015, le vrai bilan
Cinq ans après le scrutin de 2010, les Ivoiriens s’apprêtent à retourner aux urnes pour élire leur président. Le point sur les réalisations d’Alassane Ouattara, qui brigue un nouveau mandat… et sur les défis qui attendent un pays en voie d’apaisement.
C ‘est l’effervescence sur le marché de l’habitat social, privé comme public. La croissance continue de la démographie, conjuguée à une urbanisation soutenue, a créé d’énormes besoins dans tous les secteurs, même en logements de haut et moyen standings. Les statistiques sont formelles : elles font état d’un déficit de 400 000 logements dans tout le pays, dont 200 000 à Abidjan.
Pour améliorer la situation, le gouvernement porte à bout de bras de nombreux projets immobiliers. C’était une promesse d’Alassane Ouattara lorsqu’il était candidat à l’élection présidentielle de 2010 : 60 000 logements, dont 50 000 pour la seule capitale économique, où la demande a littéralement explosé. Les premiers chantiers ont commencé.
Plusieurs sociétés immobilières, locales et étrangères, ont répondu aux appels d’offres. L’État a retenu 39 promoteurs pour les chantiers publics. Parmi eux, le groupe marocain Addoha, qui va réaliser plus de 9 000 logements sociaux et économiques – appartements ou maisons – dans les environs d’Abidjan. Les premières maisons sortent déjà de terre et devraient être livrées prochainement.
L’autre grand groupe marocain du bâtiment, Alliances, construit de son côté près de 14 000 logements à Abidjan, dont 10 000 sociaux et 4 000 de haut et moyen standings. Mais en plus des promoteurs privés, la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi), entreprise publique dirigée par Loukimane Camara, a elle aussi commencé les travaux de construction de 15 000 habitations sur l’ensemble du territoire, soit tout de même 25 % du programme gouvernemental.
Des villes nouvelles
À quels prix les Ivoiriens pourront-ils devenir propriétaires de ces nouvelles habitations ? Il faudra compter entre 5 millions et 10 millions de F CFA (entre 7 620 et 15 240 euros) pour un logement social ; entre 10 millions et 15 millions de F CFA pour un logement dit économique ; entre 15 millions et 22 millions de F CFA pour une habitation de moyen standing ; et plus de 25 millions de F CFA pour le haut standing. Les acquéreurs devront en outre payer un droit de préinscription de 30 000 F CFA, puis verser un apport initial représentant 10 % du prix du logement.
Pour les entreprises aussi, la question du prix n’est pas anodine. « Les besoins de financement s’élèvent à 150 milliards de F CFA, indique Loukimane Camara. Nous scellons des partenariats stratégiques pour partager l’investissement, ce qui nous permet de contrôler notre endettement et ainsi d’être rentables. »
Outre le financement, l’accès aux matériaux de construction reste un problème difficile à résoudre.
Pour réaliser 20 000 logements (dont 15 000 du programme présidentiel) représentant un investissement de 335 milliards de F CFA, la Sicogi s’est ainsi alliée au béninois Agetur International, au chinois Henan Guoji, au sud-africain Megatron et au néerlandais SLE Global Logistics… L’entreprise publique envisage même de développer des villes nouvelles de 150 000 habitants à Grand-Bassam et à Abidjan, avant d’étendre le concept à la commune de Bingerville.
Cimenterie
Outre le financement des programmes, l’accès aux matériaux de construction est aussi un problème difficile à résoudre. Pour contourner cet obstacle, le groupe Addoha a monté en 2013, à Abidjan, une cimenterie d’une capacité de production annuelle de 1 million de tonnes, ainsi qu’une usine de fabrication de sacs pour l’emballage du ciment. La Sicogi, elle, envisage de créer une unité industrielle de matériaux et une autre de préfabrication de logements.
En dehors du programme présidentiel, une trentaine de projets plus modestes ont vu le jour à l’initiative de promoteurs immobiliers comme la SCI Les Rosiers, qui construit des logements sociaux mais aussi des complexes résidentiels, ou la Société ivoirienne de promotion immobilière (Sipim), qui réalise des grands ensembles d’immeubles et un complexe pavillonnaire.
Des chantiers qui n’ont cependant rien à voir avec le luxueux projet Camellio de Tchegbao SA, filiale du groupe de bancassurance NSIA : 63 résidences de très haut standing à Cocody-Abatta, vendues autour de 265 millions de F CFA.
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