Comores : crise de la quarantaine

Ce devait être une fête, mais l’ambiance était morose à Moroni le 6 juillet, à l’occasion de la célébration du 40e anniversaire de l’indépendance.

Une femme vote lors du second tour des législatives. © AFP

Une femme vote lors du second tour des législatives. © AFP

Publié le 15 juillet 2015 Lecture : 1 minute.

Les délestages se multiplient. L’économie bat de l’aile. Et les tensions sont fortes à l’approche du scrutin présidentiel, prévu début 2016 mais sur lequel pèse une incertitude : quelle île fournira au pays son nouveau chef ?

Cette question renvoie au péché originel de l’indépendance de cette ancienne colonie française : la lancinante « question de Mayotte ». En 2001, un système de « présidence tournante » a été institué entre les îles. La logique (et la Constitution) voudrait qu’il s’agisse cette fois de Mayotte, après la Grande Comore (2001-2006), Anjouan (2006-2011) et Mohéli (2011-2016). Mais voilà quarante ans que l’île ne fait plus partie de l’ensemble institutionnel…

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Cela n’aurait jamais dû arriver. En 1974, alors que le processus de libération est enclenché et qu’un lobby en faveur de « Mayotte française » s’intensifie – à Paris comme sur l’île -, Valéry Giscard d’Estaing, le président français, est on ne peut plus clair : « Les Comores sont une unité, il est naturel que leur sort soit un sort commun. » Mais le lobby pro-Mahorais est puissant. Il compte des responsables politiques et des officiers qui tiennent à garder une position dans le très stratégique canal du Mozambique.

« Tant que Mayotte sera française, les Comores ne pourront se développer »

Le 22 décembre 1974, 99 % des électeurs de la Grande Comore, d’Anjouan et de Mohéli votent en faveur de l’indépendance, mais 64 % des Mahorais s’y opposent. Le Parlement français entérine leur choix.

Depuis, Mayotte n’a cessé de s’éloigner des trois autres îles au rythme de ses évolutions statutaires et en dépit des revendications de Moroni, des condamnations de l’ONU et des liens de sang qui unissent les habitants de l’archipel. Mais le cordon financier qui la relie à la métropole ne cesse de déstabiliser une région pauvre. « Tant que Mayotte sera française, les Comores ne pourront se développer », estime un diplomate comorien. Le père de l’indépendance, Ahmed Abdallah, avait l’habitude de comparer l’archipel à une vache à quatre pattes : s’il lui en manque une, elle ne peut plus avancer.

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