Égypte : tout le monde espère sa part du gâteau
Les multinationales se livrent de véritables batailles pour être présentes dans le pays. En particulier dans l’agroalimentaire.
Égypte : le grand retour
Deux ans après l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi, voyage à l’intérieur d’un pays qui se cherche un avenir.
Avec sa stabilité retrouvée, ses 90 millions de consommateurs et ses produits distribués dans de nombreux pays d’Afrique et du Moyen-Orient, l’Égypte suscite l’intérêt des multinationales, qui rivalisent pour s’approprier des parts des grandes entreprises locales, en particulier dans l’agroalimentaire. Objectif : s’implanter ou renforcer leur présence en terres égyptiennes, mais aussi pénétrer les marchés émergents du continent et de la péninsule Arabique.
Mi-janvier, l’américain Kellogg Company a gagné le bras de fer qui l’opposait au fonds émirati Abraaj et fait l’acquisition, pour plus de 125 millions de dollars (environ 105 millions d’euros), de 86 % des parts de Bisco Misr, le plus grand fabricant de biscuits en Égypte, avec 3 300 employés, trois usines, 22 % de part de marché et une dizaine de marques (Bisco Luxe, Datto, Chico Chico, Bisco Wafers…). Une très bonne affaire quand on sait que les Égyptiens consomment quelque 800 000 tonnes de biscuits par an.
Les multinationales misent sur des valeurs sûres, dont les marques sont solidement implantées localement et sur des marchés en croissance
Acquisitions spectaculaires
Une bataille tout aussi acharnée a opposé pendant plus de huit mois le saoudien Arrow Food Distribution, le danois Arla Foods et le français Lactalis (via sa filiale égyptienne Al Nour) pour la prise de contrôle d’Arab Dairy. Peine perdue, en mars, le fromager est finalement tombé dans l’escarcelle d’un compatriote, le fonds d’investissement public Pioneers Holding, pour près de 30 millions d’euros. Arab Dairy avait de quoi attiser les convoitises avec ses 72 millions d’euros de chiffre d’affaires, ses 15 % de part de marché en Égypte et ses nombreux clients au Moyen-Orient. Une belle position sur le segment des produits laitiers qui, selon les experts, devrait croître de 180 % d’ici à 2020.
Cette accélération du rythme des acquisitions spectaculaires confirme une tendance amorcée en 2013 par le fonds britannique Actis. Après avoir raflé des parts des sandwicheries Mo’men (dont les produits sont très prisés par les Égyptiens) et du confiturier El Rashidi El Mizan, Actis a déboursé 78 millions d’euros pour acquérir 30 % du capital d’Edita Food Industries, groupe de boulangerie industrielle très présent en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (avec les marques Twinkies, Hohos, Bake Rolz…). En pleine croissance, Edita affiche un chiffre d’affaires de 1,9 milliard de livres égyptiennes (environ 220 millions d’euros) et a fait son entrée en Bourse, à Londres et au Caire, en avril.
Miser sur des valeurs sûres
Les multinationales misent sur des valeurs sûres, dont les marques sont solidement implantées localement et sur des marchés en croissance. Toutes ont en mémoire la success-story du français Danone – devenu le numéro un des produits laitiers en Égypte après le rachat d’une usine locale en 2005 – et voudraient rivaliser avec ses excellents résultats en matière de stabilité et de plus-values boursières. Mais elles vont devoir compter avec les puissants groupes privés égyptiens, qui entendent se diversifier, en particulier dans l’agroalimentaire.
Plusieurs spécialistes prévoient que les offres publiques d’achat vont se poursuivre dans le secteur en 2016 sur la place du Caire, notamment après l’introduction en Bourse de 40 % du capital de Covertina (Eastern Company for Manufacturing Sweets & Chocolate), prévue pour la fin de cette année, et de 30 % de Domty (Arabian Food Industries Co), autre géant égyptien des produits laitiers, annoncée pour fin 2015-début 2016.
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