Égypte : Elsewedy, sacrée énergie
Ferme éolienne, parc solaire, centrales thermiques… Pour répondre au plan d’urgence qui doit relancer la production nationale d’électricité, le groupe privé Elsewedy est sur tous les fronts.
Égypte : le grand retour
Deux ans après l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi, voyage à l’intérieur d’un pays qui se cherche un avenir.
«Sans énergie, pas de développement, d’emploi ni d’investissement », rappelait Ahmed El Sewedy, 54 ans, PDG du groupe qui porte son nom, quelques jours avant la conférence économique de Charm el-Cheikh (du 13 au 15 mars), alors qu’il demandait au gouvernement de préciser sa stratégie pour résorber la crise énergétique. L’homme sait de quoi il parle, et il est écouté. Fondée en 1938, l’entreprise familiale s’est développée en réalisant de belles plus-values grâce au commerce de matériel électrique qu’elle importait. Elle s’est ensuite forgé une réputation internationale en installant une centrale en Arabie saoudite, à La Mecque, dans les années 1950, puis en participant au chantier du barrage d’Assouan dans les années 1960.
Aujourd’hui présent à l’exportation sur tous les continents, Elsewedy Electric compte 33 filiales et 30 unités de production, la plupart implantées en Afrique et dans la péninsule Arabique (Égypte, Algérie, Nigeria, Ghana, Éthiopie, Qatar…), mais aussi en Inde ou en Malaisie. La société emploie 10 000 personnes et a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards d’euros, dont 40,4 % à l’étranger, notamment au Ghana, en Zambie, en Éthiopie, au Brésil, au Royaume-Uni et en Inde.
Elsewedy en pleine croissance
Le groupe, devenu un leader dans la fabrication de câbles et de produits électriques en Afrique et au Moyen-Orient, a diversifié son offre (transformateurs, câbles spéciaux, etc.) et ses activités. Il fournit désormais des solutions intégrées et projets clés en main dans les domaines des télécommunications et de la production, mesure et gestion de l’énergie, conventionnelle ou renouvelable.
Après un léger ralentissement en 2008-2009, les activités d’Elsewedy sont en pleine croissance, le segment fils et câbles représentant à lui seul 75 % du chiffre d’affaires de 2014 et les projets clés en main 16 % (contre 12 % en 2013). Depuis le début de l’année, seul ou en partenariat, le groupe a décroché d’énormes contrats auprès de l’État dans le cadre du plan d’urgence énergétique, qui entend augmenter la puissance installée de 14 800 MW d’ici à mi-2017, ainsi que du programme Feed-in-Tariff (tarifs de rachat), visant à accélérer les investissements dans les filières éolienne et solaire. Objectif : porter la part des énergies renouvelables dans la production nationale à 20 % d’ici à 2020 (contre 10 % en 2014, principalement hydro-électrique). L’entreprise vient notamment de s’engager dans le développement d’un complexe photovoltaïque d’une capacité de 50 MW à Benban, près d’Assouan.
Des marchés importants facilement financés
Avec l’allemand Siemens AG et l’italien Ansaldo Energia, Elsewedy Power System Project, l’une de ses filiales, a réalisé en cinq mois une centrale thermique de 640 MW à Ataka (près de Suez), livrée en mai. Une autre est prévue à Mahmoudiya, dans le delta du Nil (à 200 km au nord du Caire). Début juin, le consortium Siemens-Elsewedy a signé un contrat de 2 milliards d’euros avec l’État pour la livraison, mi-2017, d’une centrale à cycle combiné de 4 800 MW à Beni Suef (150 km au sud du Caire) – l’un des grands projets présentés en mars à Charm el-Cheikh. Les deux partenaires construisent également un parc éolien de 600 MW à Gebel El-Zeit (370 km au sud du Caire), qui devrait lui aussi être achevé en 2017.
Ces importants marchés, à travers lesquels Elsewedy devient exploitant et fournisseur d’énergie, nécessitent une trésorerie telle que le groupe a demandé (et obtenu) l’appui financier de sept banques opérant en Égypte, pour un montant global de 690 millions de dollars (environ 620 millions d’euros), dont 270 millions de dollars sous la forme de lettres de garantie. Une somme importante, mais que les établissements financiers n’ont pas hésité à débloquer pour l’entreprise, qui figure dans le top 10 de l’EGX 30, l’indice des 30 premières capitalisations boursières du pays.
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