Burundi, RDC, Rwanda : roulez jeunesse, présidents !

Les dirigeants de la région des Grands Lacs sont loin de rattraper leurs aînés par l’âge. Mais arrivés très tôt au pouvoir, ils ne semblent pas près de le quitter.

Paul Kagamé, le 23 mars 2015, à Kigali. © Vincent Fournier/J.A.

Paul Kagamé, le 23 mars 2015, à Kigali. © Vincent Fournier/J.A.

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 23 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

De gauche à droite : Robert Mugabe, Béji Caïd Essebsi, Paul Biya, Manuel Pinto da Costa et Abdelaziz Bouteflika forment le club des dirigeants les plus âgés du continent. © GLEZ
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Les dirigeants africains sont-ils trop vieux ?

Souvent jugés trop âgés pour diriger, les présidents africains ne le sont pourtant pas plus que leurs homologues internationaux. Le vrai problème ne serait-il pas plutôt leur longévité au pouvoir ?

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Ce sont trois États voisins, trois territoires ayant été administrés par la Belgique et trois pays liés par une histoire violente. Mais le Burundi, la RDC et le Rwanda ont un autre point commun, plus rarement souligné : la jeunesse de leurs présidents. Après quatorze ans au pouvoir, Joseph Kabila est encore, à 44 ans, le plus jeune chef d’État du continent. Pierre Nkurunziza, lui, n’a que 51 ans. Et après quinze ans de présidence, Paul Kagamé, le doyen des trois, n’a que 57 ans. Au même âge, Robert Mugabe venait juste d’accéder au poste de Premier ministre et Abdelaziz Bouteflika était un ancien ministre encore loin du sommet de l’État.

Pierre Nkurunziza. © Bruno Lévy pour J.A.

Pierre Nkurunziza. © Bruno Lévy pour J.A.

La précocité des chefs d’État de cette région tient en grande partie aux récentes guerres et aux changements de régime, qui ont accéléré le renouvellement des élites. Les trois présidents se sont d’ailleurs forgé une stature d’homme d’État en tant que chefs rebelles : à la tête du Front patriotique rwandais (FPR) pour Kagamé et du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) pour Nkurunziza. Quant à Kabila, il a fait ses premières armes (au sens propre comme au figuré) au sein d’une autre rébellion, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Il sera d’ailleurs propulsé au pouvoir après l’assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila, en pleine seconde guerre du Congo. C’était en 2001, il n’avait que 29 ans.

Joseph Kabila. © Simon Maina/AFP

Joseph Kabila. © Simon Maina/AFP

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Mais cette génération a déjà passé suffisamment de temps au pouvoir pour se heurter à la limite constitutionnelle du nombre de mandats. Prendre leur retraite leur semble pourtant prématuré. Ainsi, en dépit de nombreuses oppositions, internes et externes, qui y voient une violation de la Constitution, Pierre Nkurunziza s’est présenté à la dernière élection présidentielle. Au Rwanda, le FPR (au pouvoir) plaide désormais pour un changement du texte fondateur qui permettrait à son chef de se représenter en 2017. Quant à Joseph Kabila, il se refuse pour l’instant à annoncer son retrait de la vie politique au terme de son mandat actuel – le dernier selon la loi – en décembre 2016. Il n’aura alors que 45 ans…

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