Cinéma – « Des Apaches » : l’identité n’est pas un héritage
Des Apaches, de Nassim Amaouche, emmène le spectateur dans une affaire familiale qui le plonge au cœur de la population kabyle de Belleville et de ses traditions.
On imagine d’abord qu’on va voir un documentaire. Dont l’auteur s’emploiera à illustrer, à travers l’histoire des cafés-hôtels parisiens tenus par des Algériens, une remarque de Karl Marx selon laquelle c’est chez les Berbères qu’il a trouvé le socialisme de ses rêves. Nassim Amaouche nous explique en effet comment en France les conseils de village kabyles ont été remplacés par des conseils d’actionnaires pour acheter en commun des commerces et les gérer au profit de tous ceux ayant participé au financement de l’opération. Seulement voilà : cette sorte de socialisme qui s’ignore débouche sur de graves difficultés quand lesdits actionnaires ne s’entendent plus et veulent vendre leurs parts sans arriver en général à se mettre d’accord sur leur valeur. Il faut alors que chaque Kabyle impliqué dans l’affaire participe, nécessairement en compagnie de son fils aîné, à une sorte de réunion des sages qui dira quel est le juste prix de chaque part.
Mais tout se complique quand le protagoniste principal d’un de ces conflits, comme dans ce film dès qu’il devient une fiction après le prologue, a complètement perdu la trace de son fils aîné, qu’il a abandonné à sa naissance, rompant avec la mère. Le film se mue alors en fiction et fait entrer le spectateur dans un long-métrage fort original et même souvent étrange qui conte l’histoire de ce fils aîné, Samir (interprété par Nassim Amaouche). Retrouvant son père, qu’il n’a jamais connu, à l’occasion de l’enterrement de sa mère, Sami va être confronté à des questions identitaires cruciales. Qui ne feront que prendre de l’ampleur à l’occasion de diverses rencontres imprévues, dont celle d’une femme magnifiquement jouée par Lætitia Casta. Et qui l’amèneront à devenir un Apache, autrement dit un homme, en prenant conscience, selon les mots de Mahmoud Darwich, que « l’identité n’est pas un héritage mais une création ».
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