En Afrique, les vinyles se vendent à prix d’or

Un 33 tours original du groupe Batsumi enregistré à Soweto en 1974 vendu 774 euros, une galette mythique du Ghanéen Ebo Taylor de 1977 qui s’arrache à 800 euros, un album du Super Rail Band malien se négociant autour de 1 000 euros…  Le continent regorge de pépites pour les amateurs de vinyles.

Du vinyle à prix d’or. © Vladimir Pesnya/Ria Novosti/AFP

Du vinyle à prix d’or. © Vladimir Pesnya/Ria Novosti/AFP

leo_pajon

Publié le 28 juillet 2015 Lecture : 1 minute.

Depuis une petite dizaine d’années, la fièvre monte autour des vinyles africains originaux sur les sites d’enchères comme eBay ou de vente spécialisée comme Discogs. Paulo Goncalves, cofondateur de Superfly Records, à Paris, vend et réédite des disques rares. Il a vu le phénomène s’amplifier. « Lorsque j’ai commencé à voyager en Afrique pour trouver des albums, à la fin des années 1990, nous n’étions pas plus d’une dizaine à vouloir défricher ce territoire quasi inconnu. Nous nous intéressions essentiellement à la soul, au jazz, à l’afrobeat… Aujourd’hui, le moindre amateur de vinyle en vacances dans le continent va tenter de dégotter la perle rare, et toute la musique pop africaine est concernée, de la rumba au soukouss en passant par le folklore local. »

Pour l’heure, les aventuriers du son perdu sont des Occidentaux

Mais sur place, les chineurs de microsillons sont souvent découragés par l’état de leurs trouvailles. L’humidité, la sécheresse, la poussière ont la plupart du temps eu raison des vinyles, lorsqu’une utilisation intensive avec des têtes de lecture en mauvais état ne les a tout simplement pas rendus illisibles. « 80 % ne valent plus rien, estime Paulo Goncalves. Et la grande majorité des autres pièces s’achète entre 5 et 15 euros. Les disques à 1 000 euros sont vraiment l’exception. »

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Pour l’heure, les aventuriers du son perdu sont des Occidentaux. En Afrique, même si quelques nostalgiques conservent précieusement les vinyles qui les ont fait danser, les jeunes générations consommatrices de MP3 et de musique en streaming regardent encore avec circonspection ces amateurs de vieilleries. Mais la flambée des prix commence à faire réfléchir. « Dans des pays très cotés comme le Ghana ou l’Éthiopie, les vendeurs savent de quoi ils parlent, souligne Samy Ben Redjeb. Beaucoup de 33 tours sont facturés 45 euros minimum, il ne faut plus espérer faire une bonne affaire en se rendant sur place. »

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