Gabon : ces familles en fin de règne
Leur nom est toujours emblématique, mais ils ont perdu en influence.
Gabon : dans le secret des grandes familles
Apparues au tournant du siècle dernier, elles ont façonné le pays et en détiennent, aujourd’hui encore, les principaux leviers politiques et économiques. Enquête sur une élite très attachée à ses privilèges.
Ils ont fait partie de cette oligarchie née pendant les indépendances. Mais les Rawiri, les Ondo ou les Walker, descendants indirects d’André Raponda-Walker (prêtre et écrivain, il fut l’un des premiers intellectuels gabonais), sont plus discrets aujourd’hui. La deuxième génération n’a pas suivi les traces des patriarches.
Où sont passés les Rawiri ? Aucun des enfants de ce neveu de Paul Gondjout n’a choisi la politique. Son flambeau n’a donc jamais été repris. Décédé en 2006, Georges Rawiri fut pourtant un ami d’Omar Bongo Ondimba et le puissant numéro deux du régime. D’autres auraient sans doute profité de l’exceptionnel carnet d’adresses de cet homme d’influence, qui fut l’un des fondateurs de la Grande Loge nationale du Gabon et qui cultivait la fraternité maçonnique. Mais, installés à l’étranger, ses descendants semblent même s’être éloignés de leur pays d’origine.
Famille Bongo
Établie à l’étranger aussi, une partie de la famille Bongo, issue de Martin, ministre des Affaires étrangères entre 1976 et 1989 (sans lien de parenté avec les Bongo Ondimba). Son fils Gustave, lui aussi ancien ministre et actuel président du conseil d’administration de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Gabon (Bicig), s’était rendu célèbre par son train de vie dispendieux. Grand collectionneur de voitures de luxe, il a fait parler de lui lors du salon Epoqu’auto, organisé à Lyon (centre-est de la France) en novembre dernier, pour avoir mis en vente une Aston Martin Lagonda série 2 de 1985, équipée de poignées en or fin et de finitions en bois précieux, d’un bar et d’un magnétoscope… Elle a été vendue pour 43 000 euros, un crève-cœur pour cet amateur de belles mécaniques.
Quant à son frère Félix, ex-directeur de la Dépense au Trésor public, il a basculé dans l’opposition après son départ mouvementé du Gabon, en 2008, à la suite d’une affaire de détournements (pour laquelle un mandat d’arrêt international sera émis contre lui et qui lui vaudra d’être arrêté, jugé, condamné puis relaxé en 2009 par la cour d’appel de Versailles).
Famille Aubame
D’autres noms célèbres ont perdu leur lustre d’antan, à l’instar de celui des Aubame, issus de Jean-Hilaire. Il fut un collaborateur du gouverneur général de l’Afrique-Équatoriale française (AEF), Félix Éboué. Son fils, Francis-Hubert Aubame, a été conseiller diplomatique puis directeur de cabinet du Premier ministre Jean Eyeghe Ndong jusqu’à sa démission, en 2009. Il a aujourd’hui rejoint les rangs de l’Union nationale (opposition).
Famille Berre
Plus très en vue non plus, la famille Berre, qui a prospéré grâce au foncier et à la carrière d’André Dieudonné Berre, membre du gouvernement entre 1990 et 2003, poids lourd du parti au pouvoir dans l’Estuaire et ancien maire de Libreville. Le patriarche a conservé son siège de député à l’Assemblée nationale, mais a perdu en influence. Aujourd’hui, ce nom renvoie davantage à Madeleine, la présidente de la Confédération patronale gabonaise, l’épouse de son neveu, André.
Famille Adandé-Rapontchombo
Même trajectoire descendante pour les Adandé-Rapontchombo. La famille du roi Denis n’est plus rassemblée. Arrière-petit-fils du roi, le prince Félix Adandé-Rapontchombo a fait vivre le lustre de cette royauté traditionnelle de l’Estuaire. Mais un seul de ses dix enfants est encore en vie : Denis Marie-Félix Adandé-Rapontchombo, qui fut maire du 4e arrondissement de Libreville.
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