Algérie : Bouteflika et la France
De tous les présidents algériens, il est le seul à avoir entretenu des liens aussi durables et étroits avec l’ancienne puissance coloniale. Enquête sur une amitié vieille de cinquante ans. Avec ses hauts et ses bas.
Au palais d’El-Mouradia, sur les hauteurs d’Alger, ou dans la résidence médicalisée de Zeralda, sur le littoral ouest, Abdelaziz Bouteflika accueille souvent chefs d’État, Premiers ministres ou ministres français par un retentissant : « Je suis français ! » Boutade, allusion à une époque lointaine où les Algériens étaient considérés comme des « sujets français », ou volonté de mettre à l’aise ses invités, toujours est-il que cette formule ne manque jamais de faire mouche auprès de ses interlocuteurs. Bouteflika le Français ? Dite de façon aussi abrupte, l’expression peut choquer les Algériens, d’autant que, cinquante-trois ans après l’indépendance, les relations entre leur pays et l’ancienne puissance coloniale sont toujours aussi passionnelles.
Des liens longs et étroits avec la France
Il est en tout cas un fait : aucun des prédécesseurs d’Abdelaziz Bouteflika n’a entretenu des liens aussi longs et étroits avec la France. Au cours de ses trois premiers mandats, il s’est rendu sept fois en France pour des visites officielles et a reçu trois présidents. Ministre ou président, Bouteflika, 78 ans aujourd’hui, aura travaillé avec Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Aucun chef d’État africain ou arabe encore en exercice ne peut en dire autant.
De Gaulle avait de l’estime pour lui, Pompidou le jugeait habile et Giscard le trouvait entreprenant et adroit
En privé comme en public, Bouteflika ne cache pas son admiration pour de Gaulle, cite volontiers Pierre Mendès France, se compare parfois à Napoléon – il dira un jour qu’il mesure 3 cm de plus que l’empereur -, et se montre incollable sur l’histoire de France et les classiques de la littérature française. « Il raconte ses souvenirs, dresse les portraits des chefs d’État et ministres qu’il a croisés durant sa longue carrière, se souvient un ambassadeur qui fit un passage à Alger. Il dit souvent que les Algériens sont plus proches de la France que du Maroc. Je crois qu’il cultive une sorte de fascination pour la France. »
Années 1960 : une histoire commence
Bouteflika et la France, c’est une histoire qui commence au début des années 1960. Chef de la diplomatie à 26 ans, le futur président conduira, sous Ben Bella, puis sous Houari Boumédiène, la politique étrangère d’un pays qui connaît alors un rayonnement international exceptionnel. Accords commerciaux, contentieux financiers, libre circulation des biens et des personnes, pétrole et gaz, ou encore affaire du Sahara occidental, Bouteflika devient un habitué de l’Élysée, de Matignon ou du Quai d’Orsay. Moustache et rouflaquettes, costumes trois pièces achetés chez les plus grands couturiers de Paris, le sémillant ministre aux yeux verts est un bon client des médias. De Gaulle disait du bien de lui, Pompidou le tenait pour un habile négociateur et Giscard le trouvait entreprenant et adroit.
Si Bouteflika a bonne presse aux yeux des Français, il n’en va pas de même auprès de certains de ses anciens collègues, il est vrai aujourd’hui recalés par le système. Belaïd Abdesselam, ministre de l’Énergie et de l’Industrie entre 1965 et 1977, tenu pour être l’un des architectes de la nationalisation des hydrocarbures en février 1971, n’a ainsi pas hésité à le traiter d’« agent de la France ». Sid Ahmed Ghozali, directeur général de Sonatrach de 1966 à 1979, n’est pas plus tendre. « Bouteflika a agi contre la nationalisation des hydrocarbures et contre celles qui l’ont précédée, celles des mines et des biens vacants », confie-t-il un jour. Abdesselam raconte même que, à l’été 1978, après avoir été reçu deux fois de suite par le président français, Bouteflika a été vertement apostrophé par Boumédiène : « Enfin, es-tu le ministre des Affaires étrangères de Giscard ou le mien ? » Ambiance…
A partir de 1978 : une autre histoire commence, plus privée
La première histoire avec la France officielle s’arrête à la mort de Boumédiène, en décembre 1978. Une autre commence, plutôt privée celle-là. Chadli Bendjedid élu président, Bouteflika perd son portefeuille de ministre des Affaires étrangères pour un obscur poste de conseiller à la présidence. Dans son bureau d’El-Mouradia, il passe son temps à lire la presse et à refaire le monde avec ses rares visiteurs. Dépité, celui qui se considérait comme le successeur putatif de Boumédiène s’exile volontairement dès la fin de 1981. C’est le début de ce qui est communément appelé sa « traversée du désert ».
Bouteflika s’installe à Paris, où il partage son quotidien entre un appartement au Trocadéro, à deux pas de la tour Eiffel, et un autre pied-à-terre, toujours dans le 16e arrondissement. Le premier est mis à sa disposition par son ami et homme d’affaires Ahmed Koudjeti, le second lui aurait été prêté par un dignitaire du Golfe. Son frère cadet, Saïd, aujourd’hui conseiller spécial à la présidence, le rejoindra pour y préparer une thèse de doctorat. « Bouteflika ne menait pas grand train, se souvient une de ses connaissances, qui le recevait souvent dans ses bureaux parisiens. Il n’était pas non plus dans la misère. Très discret, il restera à Paris jusqu’en 1987. » Mais, goûtant peu la grisaille de la capitale parisienne, l’homme, dont on dit qu’il ne supporte pas le froid, effectuera pendant ces années d’exil de longs séjours à Genève et aux Émirats.
1999 : l’histoire officielle reprend
L’histoire avec la France officielle reprend son cours en 1999. Mais elle commence mal. Le 16 avril, au lendemain de l’élection de Bouteflika à la présidence, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin déclare que la France est « préoccupée » par les circonstances dans lesquelles le scrutin s’est déroulé. Il est vrai que, la veille du vote, six candidats s’étaient retirés, laissant ainsi Bouteflika seul en lice. Vexé, le nouveau président algérien ne mâche pas ses mots devant les journalistes : « Je voudrais dire au Quai d’Orsay de se préoccuper un peu moins des affaires de l’Algérie. Cette forme de tutelle, cette forme de protectorat, cette forme de souveraineté limitée sont absolument inacceptables. »
On craint le début d’une guerre froide entre les deux pays, mais on assistera, au contraire, à un spectaculaire réchauffement. Quelques mois après son coup de sang contre le Quai d’Orsay, Bouteflika est invité par le président Jacques Chirac. « Sa première visite officielle à l’étranger, il l’a réservée à la France, explique l’ancien ministre Abdelaziz Rahabi. Alors qu’il est de tradition que celle-ci soit réservée au voisin tunisien. » C’était en juin 2000.
Discours à l’Assemblée nationale – une première pour un président algérien -, dîner à l’Élysée, rencontre avec des hommes d’affaires, visite au Mémorial de Verdun pour rendre hommage aux soldats algériens morts pendant la Première Guerre mondiale… On lui déroule le tapis rouge. « Pour Bouteflika, analyse un de ses anciens ministres, ce voyage a un goût exquis de revanche, lui qui estime avoir été injustement écarté du pouvoir à la mort de Boumédiène, puis traîné de façon tout aussi injuste devant la Cour des comptes, est reçu comme aucun de ses prédécesseurs ne l’a jamais été. »
C’est qu’entre Bouteflika et Chirac – ce dernier est de cinq ans son aîné – l’entente est presque parfaite. « Les deux hommes s’apprécient réellement, avance un diplomate français. Entre eux, il y a de l’empathie, de la complicité, un goût partagé pour la politique étrangère et peut-être une compréhension partagée des enjeux internationaux. » Que l’ancien président français ait effectué son service militaire dans la région de Tlemcen, si chère à Bouteflika, durant la guerre d’Algérie – le lieutenant Chirac avait été blessé au visage – n’est sans doute pas étranger à cette lune de miel.
Deux exemples illustrent cette idylle. D’abord, le voyage de Chirac en Algérie, en mars 2003, où il a eu droit à un accueil en grande pompe et aux bains de foule qu’il affectionne tant. Ensuite, la reprise, en juin de la même année, des dessertes d’Air France. Huit ans et demi après le détournement par les Groupes islamiques armés (GIA) d’un Airbus reliant Alger et Paris, la compagnie française est de retour. Autre signe de cette amitié : Chirac dépêchera, en novembre 2005, un avion à Alger pour permettre le transfèrement de Bouteflika à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce pour y être opéré d’un ulcère hémorragique.
Après la lune de miel, distensions avec Chirac sur la fin de son mandat
Seulement voilà, deux ans avant la fin du second mandat de Chirac, un grain de sable vient tout gâcher. En février 2005, les députés français adoptent une loi vantant le rôle positif de la colonisation. Scandale et levée de boucliers à Alger. « Bouteflika a été peiné par cet épisode, d’autant qu’il est survenu sous la présidence de son ami Chirac », souligne un diplomate qui a croisé le raïs algérien à maintes reprises.
Réponse du berger à la bergère : El-Mouradia accuse la France de « génocide contre l’identité algérienne » et demande des excuses officielles pour les crimes commis durant la colonisation. L’article de loi incriminé sera certes supprimé à la demande de Chirac un an plus tard, mais le mal est fait. Rien ne sera plus comme avant. « Les Algériens, notamment Bouteflika, ont été déçus par la fin du quinquennat de Jacques Chirac, commente ce même diplomate. Alors ils ont tout misé sur Nicolas Sarkozy. Direct, énergique, pas marqué par la guerre d’Algérie, qu’il n’a pas vécue, il est à même de remettre les compteurs à zéro. »
2007 : Avec Sarkozy, tout commence bien
Le président algérien apprécie celui qui succède à Chirac en 2007. Une année plus tôt, alors qu’il était encore ministre de l’Intérieur, Sarkozy avait été reçu pendant quatre heures à El-Mouradia. Un adoubement ? Presque. Au sortir du déjeuner, Bouteflika déclare devant son hôte, après accolades et embrassades : « Entre l’Algérie et la France, nous sommes condamnés à avoir un avenir commun. » Sarkozy réplique, tout sucre tout miel : « L’expérience du président Bouteflika, les avis et les conseils qu’il peut donner à ses amis comptent aussi. »
Oubliée, la déception provoquée par la fin du mandat de Chirac ? Avec son successeur, on croit à une refondation des relations. Et, comme avec Chirac, tout commence bien. Huit mois après son élection, Sarkozy effectue une visite d’État en Algérie. Qu’importe si Bouteflika refuse que le chanteur Enrico Macias, natif de Constantine, fasse le voyage présidentiel pour revoir sa terre natale, le business ne s’accommode pas de sentiments. Alstom, Total, Gaz Total, le voyage se solde par la signature de 5 milliards de dollars de contrats.
Il appréciait bien Nicolas Sarkozy, disait même du bien de lui, mais il a été profondément déçu.
Crise diplomatique en août 2008
Le séjour de deux jours à Alger, en juin 2008, du Premier ministre François Fillon achève de sceller ce partenariat d’exception. Mais patatras ! Le 14 août 2008, Mohamed Ziane Hassani, directeur du protocole au ministère algérien des Affaires étrangères, est arrêté à Marseille et transféré au palais de justice de Paris. Les juges français le soupçonnent d’être le commanditaire de l’assassinat, en avril 1987, à Paris, de l’opposant franco-algérien Ali Mecili. Nouvelle crise, grave celle-là. Les Algériens sont ulcérés.
Si Bouteflika n’a jamais évoqué le sujet devant ses hôtes français, certains membres de son gouvernement ne s’en privent pas. « C’est scandaleux d’arrêter un diplomate qui bénéficie de l’immunité diplomatique », peste un ministre devant un représentant de l’ambassade de France à Alger. « C’est une erreur, une méprise, s’indigne un autre. Il est innocent et doit donc être libéré sur-le-champ. » Le maintien en détention du directeur du protocole prolonge la brouille. « À chaque occasion, les Algériens nous mettaient la pression en remettant sans cesse sur la table des discussions la libération de Hassani, se rappelle un diplomate du Quai d’Orsay. Nous avions beau expliquer que les juges français étaient indépendants, rien n’y a fait. » Alors, pendant presque deux ans, il n’est plus question pour Bouteflika et son gouvernement de recevoir quelque responsable français que ce soit. Un ambassadeur évoque volontiers une « période de glaciation ».
Pour briser la glace, Sarkozy charge Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, et Jean-David Levitte, conseiller diplomatique, de se rendre à Alger en février 2010. « On y va pour débloquer la situation », dit Guéant. Mais l’entreprise faillit capoter. La veille du voyage, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, donne un entretien au Journal du dimanche. À la question « quand va-t-on se retrouver avec l’Algérie ? », Kouchner répond : « La génération de l’indépendance algérienne est encore au pouvoir. Après elle, ce sera peut-être plus simple. »
Des relations empoisonnées
Quand Guéant découvre l’entretien, il s’étrangle de colère. Les Algériens, eux, sont encore plus furieux. Conséquence : toutes les demandes de Bernard Kouchner pour se rendre en Algérie sont bloquées. Il faudra une seconde visite de Claude Guéant, cinq mois plus tard, pour détendre un peu l’atmosphère. Le secrétaire général de l’Élysée invite même le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, à se rendre en France. « Pourquoi pas », répond l’intéressé. Qui ne donnera jamais suite. En revanche, il reçoit Jean-Pierre Raffarin.
Bourgeois madré, cet ancien Premier ministre sous Chirac est l’envoyé spécial de Nicolas Sarkozy pour les relations économiques entre les deux pays. Sa mission ? Normaliser, encore et toujours, des relations empoisonnées. Bouteflika fait un geste en demandant au président de l’Assemblée, Abdelaziz Ziari, de bloquer le projet de loi, déposé en février 2009 par 130 députés, portant sur la criminalisation du colonialisme. « Il m’a expliqué que le timing et la conjoncture ne permettaient pas de faire passer ce dossier, se souvient Ziari. Au vu des intérêts en jeu, on ne pouvait s’offrir le luxe d’ouvrir un autre front avec Paris. » Las, cette concession n’aura pas contribué au réchauffement escompté.
Le président algérien est profondément déçu par son homologue français, confie une source proche du Quai d’Orsay. « Il appréciait bien Nicolas Sarkozy, disait même du bien de lui, mais il s’est montré extrêmement critique quant à ses cinq années à l’Élysée. Bouteflika considère qu’elles ont été dures, que c’était un gâchis. Il a égrené tous les malentendus avec le président français, notamment son discours de Constantine sur la colonisation. Et souligne que, “sur la colonisation, je n’ai rien demandé. C’est Sarkozy qui a mis le sujet sur la table”. Bouteflika épingle également la politique marocaine du chef de l’État français,
estimant que, durant les cinq dernières années, la France ne s’était jamais montrée aussi promarocaine. »
Et les reproches ne s’arrêtent pas là. Quand Sarkozy organise le sommet du G20 à Nice, en novembre 2011, il ignore superbement le président algérien. « Il a appelé tous les chefs d’État, mais n’a pas donné le moindre coup de fil à Bouteflika, confie l’un de ses visiteurs. Il ne l’a même pas consulté lors de l’éclatement de la crise financière internationale, en 2008. »
Dernier impair : à la veille du premier tour de la présidentielle française de 2012, André Parrant, conseiller de Nicolas Sarkozy pour les affaires africaines, est nommé ambassadeur à Alger. Paris insiste même pour qu’il prenne ses fonctions avant le second tour. Bouteflika ne goûte guère ce manque de tact diplomatique. Résultat : le président algérien refuse de recevoir Parrant, qui devra attendre l’élection de François Hollande pour remettre ses lettres de créance et être ainsi accrédité. Mais il fera long feu à Alger, où il restera en poste moins d’une année et demie. Trois ans et demi de moins que son prédécesseur.
Pour Hollande, Bouteflika est un bon allié avec lequel il entretient de très bonnes relations
De meilleurs auspices sous François Hollande
Le chemin de l’Élysée passe par Alger, avance un fin connaisseur du système algérien. François Hollande, comme Sarkozy avant lui, l’a compris. Avant de briguer la magistrature suprême, l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste, qui a fait un stage à l’ENA d’Alger en 1978, a été reçu par deux présidents algériens. Bouteflika, en juillet 2006, pour une entrevue de trois heures. Puis Ahmed Ben Bella, en décembre 2010. Cette fois-là, Bouteflika n’a pas voulu s’entretenir avec le futur président pour ne pas fâcher Sarkozy. « Rassurez-vous, monsieur Hollande, je porte toujours bonheur à ceux qui viennent me rendre visite », lui dira quand même Ben Bella.
À l’évidence, Hollande entretient de très bonnes relations avec Bouteflika. L’accueil qui lui a été réservé lors de sa visite d’État en 2012, son bain de foule à Alger et sa virée à Tlemcen ont gommé les mauvais souvenirs laissés par Sarkozy. Son discours devant le Parlement algérien dans lequel il dénonce une « colonisation brutale » a satisfait les Algériens, si bien qu’ils ont mis une sourdine à leur demande d’excuses officielles pour les crimes coloniaux. Pour Hollande, Bouteflika est un bon allié. « À la demande de la France, le président algérien a effacé, en 2013, la dette de quatorze pays africains, qui s’élevait à 902 millions de dollars, rappelle Rahabi. L’autorisation de survol de l’espace aérien algérien par des Rafale français lors de l’intervention au Mali, c’est encore lui qui l’a donnée, sans consulter l’armée. »
La santé des chefs d’État algériens est un sujet sensible. Elle ne relève pas uniquement de la médecine mais obéit aussi à des considérations géopolitiques. Atteint de la maladie de Waldenström, Houari Boumédiène avait ainsi préféré se faire soigner en URSS. « Faites-moi des propositions en excluant au préalable la France pour de multiples raisons », dit-il, en septembre 1978, à Taleb Ibrahimi et à Bouteflika. Chadli Bendjedid, lui, optera pour la Belgique, même s’il était un bon client d’une clinique huppée de Neuilly. Pour traiter ses problèmes de vue ou se faire opérer du pied, Liamine Zéroual privilégiera l’Espagne.
Quant à Bouteflika, il a choisi de s’en remettre à des médecins français, notamment au cardiologue Jacques Monségu. Depuis son ulcère hémorragique, en 2005, il séjourne régulièrement au Val-de-Grâce pour des soins ou des contrôles. Victime d’un AVC en 2013, il y retourne, avant d’être admis pour une longue convalescence à l’Hôtel des Invalides, où les travaux d’aménagement et de sécurisation, qui ont coûté plusieurs milliers d’euros, ont été pris en charge par la présidence algérienne. C’est dans l’ancienne apothicairerie des Invalides que Bouteflika reçoit en audience, le 12 juin 2013, son Premier ministre et son vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée. Au-dessous du portrait officiel du président de la République française.
COMMENT « LE FIGARO » A FAILLI DEVENIR ALGÉRIEN
Le 2 avril 1974, Georges Pompidou décède à Paris des suites de la maladie de Waldenström. Le même jour, à Alger, Houari Boumédiène charge deux de ses ministres de se rendre à l’ambassade de France pour signer le registre de condoléances. Il fait alors cette confidence à Ahmed Taleb Ibrahimi, ministre de l’Information et de la Culture. Deux ans avant sa disparition, le président français avait adressé un message à son homologue algérien dans lequel il lui proposait de racheter Le Figaro, quotidien gaulliste fondé en 1826.
« Je vous informe que le quotidien Le Figaro, écrit-il, en butte à des difficultés financières, est mis en vente. L’Algérie, seule ou en association avec un autre pays arabe, pourrait le racheter par personne interposée et disposer ainsi d’un puissant moyen pour défendre ses thèses face aux attaques de certains médias français dont vous vous plaignez. » À l’époque, Boumédiène n’avait pas jugé opportun de donner suite à cette étonnante proposition. Plus tard, dira Taleb Ibrahimi, il a regretté de ne pas avoir prêté l’attention requise à cette proposition. Le Figaro sera finalement racheté en 1975 par le magnat de la presse Robert Hersant, avant de tomber en 2004 dans l’escarcelle de l’homme d’affaires Serge Dassault.
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