Bénin : le tissage métissé des perruques de Meshac Gaba

Le Béninois Meschac Gaba confectionne des perruques-objets qui illustrent un monde en mutation. Diaporama à la fin de l’article.

« Perruques », installation de Meschac Gaba, jusqu’au 20 septembre au Musée de l’histoire de l’immigration, à Paris, entrée libre. © Meschac Jaba/ADAGP/PARIS2015

« Perruques », installation de Meschac Gaba, jusqu’au 20 septembre au Musée de l’histoire de l’immigration, à Paris, entrée libre. © Meschac Jaba/ADAGP/PARIS2015

ProfilAuteur_SeverineKodjo

Publié le 4 août 2015 Lecture : 2 minutes.

Un saxophone pour Fela Kuti, une équerre pour Pythagore, des feux de signalisation pour leur créateur Garrett Morgan, le barrage d’Akosombo pour Kwame Nkrumah, qui en lança la construction en 1961… Avec sa série de perruques Mava (pour Musée d’art de la vie active), Meschac Gaba entend composer une « encyclopédie des personnes célèbres entrées dans l’Histoire mais incarnées par des objets ».

« Nos vies sont faites d’objets venant de partout »

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Des objets auxquels nous ne faisons plus attention tant ils ont intégré notre quotidien, des pièces confectionnées dans une culture et un territoire qui nous sont étrangers mais que nous avons fait nôtres. Le plasticien béninois, formé dans son pays puis à la Rijksakademie d’Amsterdam, aux Pays-Bas, aime à rappeler que « nos vies sont faites d’objets venant de partout » et à montrer ainsi que le monde, malgré les tentatives isolationnistes et des crispations identitaires, se construit sur les échanges et les mélanges.

Ce projet bouscule la manière dont les institutions occidentales perçoivent la création africaine

« C’est un artiste qui interroge les notions de voyage, de frontière, de migration, qui questionne les rencontres, les influences, les différences et les ressemblances », explique Isabelle Renard, commissaire de l’exposition « Perruques » présentée au Musée de l’histoire de l’immigration (Paris). « Vivant en Europe et en Afrique, il a fait de son propre déplacement un essor de création », poursuit-elle. Meschac Gaba est l’auteur notamment d’un « Musée d’art contemporain africain » qu’il a fait circuler à travers le monde et que la Tate Modern (Londres) a acquis. Ce projet bouscule la manière dont les institutions occidentales perçoivent la création africaine.

Architectures tressées

En résidence d’artiste au MoMA PS1 à New York en 2004, Meschac Gaba est impressionné par le gigantisme des gratte-ciel qui écrase les individus et par le dynamisme des salons de coiffure afro de Harlem. Il décide de mêler les deux et érige des « architectures tressées ». Ces perruques en forme de bâtiments sont confectionnées avec des extensions capillaires et des rajouts de mèches à tresser des coiffures africaines. Le tout donne un ensemble hétéroclite et coloré présenté en partie au Musée de l’histoire de l’immigration.

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Le bâtiment de la Géode de la Cité des sciences et de l’industrie du parc de la Villette (Paris) se confond ainsi avec une coupe afro en vogue dans les milieux africains-américains des années 1960-1970. Les buildings du quartier de la Défense en bordure de la capitale française ou ceux du cosmopolite Manhattan de New York se parent de teintes vives ou sombres. Ces sculptures en apparence tantôt énigmatiques tantôt schématiques révèlent un monde globalisé, hybride, en mutation. Un monde dans lequel l’Afrique est bel et bien présente, mais pas toujours là où on l’attend.

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« Perruques », installation de Meschac Gaba, jusqu’au 20 septembre au Musée de l’histoire de l’immigration, à Paris, entrée libre.

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