Société tunisienne de banque : « L’horizon n’est pas encore dégagé »
Bassem Neifer, analyste financier chez Alphamena, un cabinet indépendant d’analyse financière basé à Tunis, décrypte pour « Jeune Afrique » le projet de recapitalisation de l’établissement public.
L’augmentation de capital de la Société tunisienne de banque (STB), qui a débuté le 3 août pour un mois, est l’opération la plus importante jamais réalisée sur la Bourse de Tunis : 652 millions de dinars (environ 350 millions d’euros) seront injectés dans l’établissement public, dont les fonds propres sont actuellement négatifs (− 92,2 millions de dinars). Son capital social passera de 124,3 à 776,8 millions de dinars.
Cette mesure avait été anticipée par le marché. Depuis le début de l’année, son action (le flottant représente 44,05 % du capital) a progressé de manière spectaculaire (+ 52,8 %).
Son cours actuel (6,08 dinars à la fermeture le 3 août) nous apparaît d’ailleurs largement surévalué et nous conseillons toujours à nos clients de vendre leurs titres.
Un mauvais signal envoyé aux investisseurs
La surprise vient de la prime d’émission, fixée à 800 millimes pour chaque action d’une valeur nominale de 5 dinars. C’est un mauvais signal envoyé aux investisseurs. Compte tenu de la situation de la banque, beaucoup pourraient s’abstenir. L’État a d’ailleurs pris ses dispositions pour apporter sur ses propres deniers tout ou partie de la somme recherchée.
Si cette opération ne séduit pas, c’est parce que des doutes subsistent sur la capacité de la banque à redresser son activité. L’une des principales difficultés consistera à adopter un mode de management davantage axé sur la performance.
Pour insuffler ce changement de culture, la STB fait évoluer sa gouvernance en séparant les postes de président du conseil d’administration et de directeur général. Mais des nuages obscurcissent toujours l’horizon de la banque, à commencer par les créances du secteur touristique. À la suite des mesures prises par l’État fin juin, la STB pourrait devoir renoncer à plusieurs centaines de millions de dinars. Il lui faudra alors envisager une nouvelle augmentation de capital, d’ici à deux ou trois ans, pour retrouver le chemin de la rentabilité. »
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