Secrets de palais : Gnassingbé Eyadéma, à la gloire de son fils

Pour revoir le combat victorieux de Faure durant un tournoi de lutte dans les années 1980, Gnassingbé Eyadéma a fait remuer ciel et terre.

Gnassingbé Eyadéma ne ratait jamais les Evalas dans sa région natale. © Flikr

Gnassingbé Eyadéma ne ratait jamais les Evalas dans sa région natale. © Flikr

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 11 août 2015 Lecture : 2 minutes.

Le palais présidentiel du quartier du Plateau, à Dakar, Sénégal. © Issouf Sanogo/AFP
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La scène se déroule au milieu des années 1980 à Pya (nord du Togo), dans la région natale du président Gnassingbé Eyadéma. Particulièrement attaché aux traditions locales, ce dernier ne rate jamais les Evalas, ces tournois de lutte d’initiation en pays kabyé. Aucun des nombreux fils du « Général » ne peut d’ailleurs échapper à cet examen de passage à l’âge adulte.

Cette année-là, comme à son habitude, Eyadéma a convié ministres, directeurs de société, diplomates, chefs traditionnels et hôtes de marque venus de l’étranger. Parmi les lutteurs se trouve un certain Faure Essozimna Gnassingbé. Celui qui, deux décennies plus tard, succédera à son père est alors tout juste âgé de 20 ans. Face à lui se dresse un individu bien plus imposant. Dans la tribune officielle, Gnassingbé Eyadéma est visiblement tendu. Le public, lui, retient son souffle. Très rapidement, et avec une technique bien rodée, Faure Gnassingbé terrasse son adversaire. Le président exulte et convie tout le gotha présent à une réception dans sa résidence de Pya. Au menu, viande de brousse, boisson locale, champagne…

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Eyadéma en colère

Tout se passe bien jusqu’à ce que le maître des lieux demande aux journalistes de la télévision nationale de repasser les images de la victoire de Faure. Malheureusement, dans l’euphorie de la prestation du « prince », le cameraman a été bousculé et n’a pu saisir l’instant magique. Eyadéma entre dans une colère noire et vitupère à tout va. « Je veux revoir la prouesse de mon fils ! Un point, c’est tout ! » tonne-t-il avant de se retirer dans ses appartements.

Du côté des invités, surtout ceux impliqués dans ce « Fauregate », la tension est à son comble. Les réactions du « Général », imprévisibles, sont redoutées. Chacun risque gros et, malgré l’ambiance glaciale des salons, la température est montée d’un cran. Soudain, un agent se rappelle avoir surveillé un touriste filmant les joutes. Une lueur d’espoir ! Mais l’homme a pris la route du Burkina Faso et le téléphone portable n’existe pas encore. Seule solution : l’intercepter en chemin. La police des frontières est prévenue, le signalement du touriste diffusé illico. Pendant toutes ces manœuvres, le président reste invisible, même lors des luttes de l’après-midi – ce qui est suffisamment rare pour être souligné -, et augmente la pression.

Quelques heures plus tard, le cinéaste amateur est enfin retrouvé et, surtout, la vidéo du combat récupérée. De quoi faire sortir le lion de sa tanière. Le film est diffusé en boucle. Petit à petit, la colère du « Vieux » se dissipe. Et les réjouissances reprennent de plus belle, faisant trembler les ors du palais.

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