Brésil : Temer, le pilier de Rousseff

Alors que la chef de l’État traverse une crise sans précédent, son vice-président, Michel Temer, est devenu le garant de la stabilité du gouvernement. Un tremplin pour 2018 ?

Le couple exécutif à Brasília, le 24 juin. © Evaristo SA/AFP

Le couple exécutif à Brasília, le 24 juin. © Evaristo SA/AFP

Publié le 12 août 2015 Lecture : 2 minutes.

C’était le 17 juillet, à la Chambre des députés. Son président, Eduardo Cunha, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), claquait la porte de la coalition de Dilma Rousseff pour passer dans l’opposition. Et promettait que sa formation, grande alliée du Parti des travailleurs (PT, au pouvoir), ferait de même. Après des mois de conflit avec la présidente, cette décision n’a pas surpris grand monde, mais elle aurait pu avoir des effets dévastateurs : sans l’appui du PMDB, le pays deviendrait ingouvernable pour une Rousseff dont la cote de popularité est tombée à 7 %…

À moins qu’il ne songe à profiter de cette crise pour tracer son propre chemin en vue de l’élection présidentielle de 2018…

Finalement, Cunha a dû se sentir bien seul : les autres leaders du PMDB n’ont pas bougé. Parmi eux, le président du parti (depuis 2001) et vice-président de Rousseff (depuis 2011), Michel Temer, qui a manœuvré en coulisses, accroché à son téléphone, pour éviter que cette crise ne se propage. À 75 ans, ce vieux loup de la politique brésilienne incarne aujourd’hui l’espoir de la présidente. « Michel a joué un rôle important dans la conciliation entre le PMDB et le PT. Contrairement à d’autres vice-présidents, il se caractérise par sa discrétion, son expérience et son profil de médiateur, ce qui ne l’empêche pas de peser sur les décisions du gouvernement », assure le sénateur Pedro Simon (PMDB). Tant et si bien que depuis la réélection de Rousseff, en octobre 2014, Temer passe pour « l’homme fort de Brasília ».

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Michel Temer parviendra-t-il à protéger l’héritière de Lula ?

Né à Tietê (État de São Paulo), cet avocat de formation a été procureur général de São Paulo puis secrétaire d’État à la Sécurité publique de la province avant d’entrer en politique au début des années 1980. Élu à trois reprises président de la Chambre des députés (1997, 1999 et 2009), il est monté en puissance sous Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2011), qui l’a propulsé à la vice-présidence de Rousseff. Il parle fièrement de ses origines familiales, dans la région de Tripoli (nord du Liban), qu’il a révélées lors d’une interview à la télévision libanaise LBC en 2010.

Crise économique, mesures d’austérité, révélations en série liées au scandale de corruption du groupe public pétrolier Petrobras et, tout récemment, rapport accusateur d’Amnesty International sur les violences de la police militaire à Rio de Janeiro… Dans le chaos qui secoue le Brésil depuis plusieurs mois, Michel Temer parviendra-til à protéger l’héritière de Lula ? À moins qu’il ne songe à profiter de cette crise pour tracer son propre chemin en vue de l’élection présidentielle de 2018…

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