Football : Blatter-Platini, chronique d’un pugilat annoncé

Et dire que ces deux-là s’entendaient à merveille ! Ancien capitaine des Bleus, Michel Platini (60 ans) est l’un des plus grands joueurs de l’histoire du foot. Il y a quelques années, il passait aussi pour le fils spirituel du Suisse Joseph Blatter (79 ans). En 2007, ce dernier avait même pesé de tout son poids pour lui permettre d’accéder à la présidence de l’UEFA (la fédération européenne).

Depuis, rien ne va plus. « Platini prend systématiquement le contre-pied des positions de la Fifa », regrette un familier de ces deux instances. Il est aussi officiellement candidat à la succession de son ex-mentor.

Désormais, les deux hommes se haïssent. Abondamment relayés par la presse, les derniers épisodes de cette guéguerre n’étonnent pas les spécialistes. « Cela annonce une campagne dure, violente. Blatter et Platini ne se feront aucun cadeau », commente le journaliste Jean-François Tanda, de la télévision suisse alémanique.

Le problème est que Platini est candidat pour de mauvaises raisons, sa haine de Blatter en premier lieu »

Rumeurs et rivalités

Blatter, qui est soupçonné d’avoir inspiré un article à charge intitulé « Platini, un squelette dans le placard », comme l’a révélé Welt am Sonntag, l’édition dominicale du quotidien allemand Die Welt, accuse son meilleur ennemi de l’avoir indirectement menacé de l’envoyer en prison s’il ne renonçait pas à briguer la présidence de la Fifa.

« Je n’imagine pas Platini dire ça autrement que de manière ironique, plaide le Suisse Guido Tognoni, un ancien cadre de la Fifa. Hélas, par les temps qui courent, plus personne n’a d’humour au siège de l’institution ! En revanche, je ne doute pas que Blatter ait les moyens de commanditer un article à charge. L’auteur est d’ailleurs l’un de ses proches collaborateurs ! »

Peut-il vraiment empêcher son rival français de s’installer dans son fauteuil ? À Zurich, on murmure que Blatter dispose d’un dossier sur les relations de Platini avec le Qatar et qu’il le sortira au moment opportun. « Possible, mais le pire dossier n’est-il pas celui de Blatter ? tacle Tognoni. Le problème est que Platini est candidat pour de mauvaises raisons, sa haine de Blatter en premier lieu. Il jure qu’il ignorait tout des turpitudes reprochées à ce dernier, mais est-ce crédible ? »

Ces derniers jours, plusieurs candidats à la présidence qui ne sont pas des proches de Blatter – du Libérien Bility au Jordanien Hussein en passant par le Sud-Coréen Chung – ont tenu des propos très durs contre Platini. « Je ne sais pas si Blatter est derrière ça, mais je suis sûr qu’il peut contrarier l’élection de Platini », estime Tanda. Ce serait en somme l’ultime combat du Valaisan, à qui il est souvent reproché de n’avoir pas préparé sa succession.