Présidentielle aux États-Unis : Joe Biden bientôt dans la course ?

Le vice-président Biden briguera-t-il l’investiture du Parti démocrate pour la présidentielle de 2016 ? À l’évidence, il y songe. Et Hillary Clinton, la grande favorite, déteste cette idée.

Au cours d’une table ronde à Denver (Colorado), le 21 juillet. © Brennan Linsley/AP/SIPA

Au cours d’une table ronde à Denver (Colorado), le 21 juillet. © Brennan Linsley/AP/SIPA

Publié le 24 août 2015 Lecture : 3 minutes.

Joe Biden (72 ans) va-t-il se lancer dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2016 ? À l’évidence, il y pense, au grand dam de Hillary Clinton, la grandissime favorite.

En vacances en Caroline du Sud, le vice-président a discrètement demandé à ses conseillers d’étudier la possibilité de lancer une campagne express dans les États où auront lieu les premières primaires, Iowa et New Hampshire notamment. Il aurait également parlé au téléphone avec plusieurs donateurs potentiels. Il est vrai qu’il y a urgence. Depuis l’annonce de sa candidature, au mois d’avril, Mrs. Clinton a déjà amassé une jolie cagnotte : 45 millions de dollars (41 millions d’euros).

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Dans un premier temps, Biden avait écarté l’idée de briguer une nouvelle fois les suffrages démocrates – il l’avait déjà fait, sans succès, en 1988 et en 2008.

Son fils l’aurait fait changer d’avis

Apparemment, c’est son fils Beau (46 ans), un ancien procureur général du Delaware (2006-2010), qui l’a fait changer d’avis. À l’époque, le pauvre homme luttait déjà contre la tumeur au cerveau qui a fini par l’emporter, en mai… Biden n’en est pas à sa première tragédie familiale. En 1972, quelques mois après son élection comme sénateur du Delaware, il avait perdu Neilia, sa première épouse, et Naomi Christina, sa petite fille de treize mois, dans un accident de la circulation. Lors des obsèques télévisées de Beau, c’est le président Obama qui a prononcé l’éloge funèbre. Il était manifestement au bord des larmes. Tout cela a évidemment renforcé la popularité du vice-président, très apprécié de la majorité des Américains pour son côté brut de décoffrage et son tempérament de battant.

Au nom du fils, Biden pourrait donc décider de se lancer dans la bataille, même si certains de ses proches, à commencer par Obama lui-même, s’interrogent en privé sur sa capacité à supporter le stress d’une campagne. « Lever des fonds n’est pas facile ; être soumis à une exposition publique permanente et pas forcément bienveillante, non plus ; et affronter une adversaire qui a déjà pris beaucoup d’avance, encore moins. Tout cela milite contre sa candidature », estime David Axelrod, un ancien conseiller d’Obama. Seulement voilà, à en croire un récent sondage du Boston Herald, 46 % des démocrates du New Hampshire souhaitent que Biden entre en lice.

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Sa candidature ne plairait pas à Hillary

Cette perspective donne des maux de tête à Hillary, dont la cote de popularité ne cesse de s’effriter en raison notamment de la polémique persistante concernant son recours à un compte e-mail privé à l’époque (2009-2013) où elle était secrétaire d’État. Son staff de campagne a embauché Ron Klain, un proche de Biden, pour l’aider à préparer les futurs débats télévisés – ce qui suggère qu’il pourrait ne pas aller jusqu’au bout. Mais il évalue néanmoins avec soin les conséquences négatives de son éventuelle candidature.

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La plus grave est sans doute qu’elle accréditerait l’idée que Hillary n’est pas invincible, et qu’avec elle le Parti démocrate n’est nullement assuré de conserver la Maison Blanche. Devant le peu d’enthousiasme suscité par sa campagne, l’idée fait forcément son chemin…

Selon le sondage évoqué plus haut, Bernie Sanders, le très gauchiste sénateur du Vermont, dont les meetings soulèvent une exceptionnelle ferveur, aurait les faveurs de 44 % des démocrates du New Hampshire, contre 37 % pour Hillary. En mars, il ne recueillait que 8 % des intentions de vote dans ce Swing State (« État crucial »).

Mais Biden, qui, en 2008, n’avait recueilli que 1 % des voix dans l’Iowa, pourrait paradoxalement aider Hillary dans la perspective de son duel contre le candidat républicain. Le premier débat entre candidats démocrates aura lieu en octobre. Et l’actuel vice-président apparaît comme un sparring-partner rêvé. Le stratège démocrate Steve Elmendorf estimait récemment dans le New York Times qu’« un candidat est bien meilleur lorsqu’il a dû faire face à une forte opposition lors de la primaire ». Et que « Joe Biden serait un formidable rival ».

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