Rwanda, Gabon, Nigeria… le cher lobby de Cherie Blair
L’épouse de Tony Blair n’a pas besoin de son ex-Premier ministre de mari pour étendre ses réseaux en Afrique. Entre ONG et conseils juridiques, elle est sur tous les fronts.
Dans la famille Blair, l’Afrique connaît surtout Tony, l’ancien Premier ministre britannique qui sillonne le continent pour ses bonnes œuvres et ses juteuses affaires. Mais son épouse, Cherie, est également très active.
Avocate de formation, elle était assise sur les bancs de la cour de Westminster, le 25 juin, pour défendre Karenzi Karake, le chef des services rwandais de renseignements, interpellé cinq jours plus tôt à l’aéroport de Heathrow. La justice espagnole, qui le soupçonne d’avoir commandité l’assassinat de trois humanitaires espagnols en 1997, réclame son extradition depuis 2008.
C’est compter sans les talents de l’ancienne First Lady. Elle a rapidement obtenu la libération conditionnelle de « KK » (contre une caution de 1 million de livres, soit 1,4 million euros), avant qu’il soit relâché définitivement le 10 août. Dans un communiqué, Kigali a exprimé « sa profonde gratitude [à son] équipe juridique, conduite par Cherie Blair ».
Une self-made-woman aux nombreux contacts en Afrique
Les activités de Tony au pays des Mille Collines – une de ses ONG, l’Africa Governance Initiative, y est notamment présente – ne sont sans doute pas étrangères à cette collaboration. Mais Cherie, véritable self-made-woman, ne dépend pas exclusivement de son époux pour ses réseaux.
Elle, qui gagnait plus que son mari lorsqu’il était au 10 Downing Street, est aujourd’hui à la tête d’une véritable PME : ses diverses entreprises et fondations emploient cinquante personnes selon la presse britannique. Le joyau de cet ensemble est Omnia Strategy, un cabinet de conseil politico-juridique, créé en 2011. La liste de ses clients africains, passés et présents, est impressionnante. Y figure par exemple le gouvernement gabonais ou encore le Bakassi Support Group, un lobby nigérian qui appuie Abuja dans son contentieux avec le Cameroun sur le tracé de la frontière entre les deux pays.
Le montant des honoraires de ce cabinet n’est pas rendu public. Mais la richesse de ses clients en donne une idée. Entre autres, le groupe égyptien Orascom, dont deux de ses héritiers, Nassef et Naguib Sawiris, figurent parmi les dix Africains les plus riches. Quant au Nigérian Aliko Dangote, l’homme le plus fortuné du continent, il siège à son conseil consultatif.
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