Livres : « Le Protocole de Brazzaville »
Pour une petite histoire où se mélangent pudeur et fierté, il ne figure pas sur la photo de famille immortalisant la signature, le 13 décembre 1988, de ce qu’il est convenu d’appeler le « protocole de Brazzaville ». Mais il aurait mérité d’y être, tant son rôle dans le processus qui a débouché sur le retrait des troupes cubaines d’Angola et l’indépendance de la Namibie, ouvrant la voie à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, a été nécessaire. Pierre Oba, 62 ans, actuel ministre congolais des Mines, occupe le poste clé de directeur de la sécurité présidentielle quand Denis Sassou Nguesso l’envoie en mission secrète à Pretoria. But : prendre contact avec le « pouvoir pâle » pour tenter de dénouer, à la demande des Américains et des Français, le casse-tête de crises régionales qui se nourrissent l’une l’autre et tétanisent toute l’Afrique australe.
Entre 1986 et 1988, Oba effectuera une douzaine de voyages clandestins au pays de l’apartheid, parvenant peu à peu à établir une relation de confiance avec les trois principaux chefs d’une tribu blanche considérée alors comme infréquentable : Pieter Botha, Pik Botha et Magnus Malan. Riche en anecdotes – le récit des négociations marathon de Brazzaville, celui de la rencontre entre Oba et le Premier ministre Botha, ou encore le détail des précautions prises par notre James Bond pour éviter d’être empoisonné, valent le détour -, ce témoignage passionnant se veut aussi pédagogique. Il était temps qu’un acteur congolais de ce processus historique complexe et méconnu convoque ses propres souvenirs. Pierre Oba l’a fait, avec modestie, en restituant la place de chacun. « Ce fut, écrit-il, la meilleure mission de ma longue carrière. » En attendant que ce général, qui fut longtemps le superflic du Congo, nous raconte les autres…
Le Protocole de Brazzaville, de Pierre Oba, éd. Karthala, 260 pages, 23 euros
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