Alexandre-Ferdinand Nguendet : « La Centrafrique ne dispose même pas d’un fichier électoral ! »

Alexandre-Ferdinand Nguendet, le président du Conseil national de transition (CNT), revient sur les nombreux problèmes liés à l’organisation des prochaines élections en Centrafrique.

Le président du Conseil national de transition, à Bangui, le 31 août. © Dorothée Thiénot pour Jeune Afrique

Le président du Conseil national de transition, à Bangui, le 31 août. © Dorothée Thiénot pour Jeune Afrique

Publié le 7 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le 30 août, l’Assemblée nationale centrafricaine a adopté une nouvelle Constitution, qui devrait être soumise à référendum le 4 octobre. Des élections présidentielle et législatives sont ensuite censées se tenir dans la foulée, le 18 octobre. Alexandre-Ferdinand Nguendet, le président du Conseil national de transition (CNT), ne pense pas qu’elles pourront être organisées avant 2016. Et ne souhaite pas non plus que la transition conduite par Catherine Samba-Panza se prolonge… Explications.

Jeune Afrique : Après de multiples allers-retours entre la Cour constitutionnelle et le Conseil national de transition, les députés ont approuvé une réforme de la Constitution, sur laquelle les Centrafricains devront se prononcer dans moins d’un mois. Quels en sont les principaux enjeux ?

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A.-F. Nguendet : Un seul point fait débat : celui de la création d’un Sénat, que certains concitoyens jugent budgétivore. Mais la RCA est le seul pays de la sous-région à ne pas en avoir un ! D’abord, il sera mis en place un an après que de nouvelles autorités auront été élues. Et puis, la Centrafrique ne sera pas toujours en crise. Le pays va retrouver la voie de la prospérité, réapprendre à exploiter ses ressources humaines et naturelles.

La transition n’a que trop duré. Elle a été menée avec inexpérience, c’est un fait

Parmi les multiples débats qui entourent l’organisation de ces élections figure celui du vote des réfugiés, qu’une partie de la classe politique contestait avant de finir par l’accepter. Qu’en pensez-vous ?

Ce texte a été adopté par le CNT. Il appartiendra à l’Autorité nationale des élections (ANE) d’identifier les Centrafricains de l’étranger qui pourront voter. Il faudra aussi sécuriser le pays, et notamment les camps de réfugiés pour que les candidats puissent y mener campagne.

Référendum sur la Constitution le 4 octobre, élections présidentielle et législatives le 18… Ce calendrier vous semble-t-il tenable ?

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C’est un chronogramme motivé par des raisons bassement politiciennes et impossible à tenir. Le pays ne dispose même pas d’un fichier électoral ! Aujourd’hui, on ne peut que constater les retards d’enregistrement sur les listes. De même, l’ouverture des inscriptions des candidats, prévue le 9 août, a été reportée à une date ultérieure, sans autre précision. Le référendum est censé se tenir le 4 octobre et le décret convoquant le corps électoral devait être publié trente jours plus tôt, mais rien n’a bougé car les enregistrements n’ont pas été faits sur l’ensemble du territoire.

Le gouvernement s’est pourtant engagé sur ces délais auprès de la communauté internationale…

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Il faut qu’elle prenne conscience que ces promesses sont intenables. Il faut procéder par étapes : sécurisation du territoire, réinstallation des habitants dans leur région d’origine… Autant d’éléments dont il aurait fallu s’assurer avant de penser aux élections. On peut céder à certaines pressions, mais il y a des points sur lesquels on ne peut transiger. Sinon on va droit dans le mur.

Si les élections ne peuvent avoir lieu avant la fin de la transition, qui a été prolongée jusqu’au mois de décembre prochain, quelle est l’alternative ?

Nous ferons appel aux forces vives de la nation pour une consultation. Chacun émettra ses propositions, dans l’intérêt du pays. Mais hors de question de prolonger la transition. Elle n’a que trop duré. On ne peut que constater l’inexpérience avec laquelle elle est menée.

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