Diaspora congolaise : mobilisation générale
De Paris à Bruxelles, tour d’horizon d’une diaspora africaine déterminée à faire entendre sa voix pour les élections à venir à Abidjan, Conakry et ailleurs. En France, si la diaspora congolaise ne vote pas, elle reste très influente.
Diaspora : si loin, si proche
Ils donnent de la voix à plusieurs milliers de kilomètres de leur pays et entendent bien peser sur le choix du prochain chef de l’État : Centrafricains, Comoriens, Congolais, Gabonais, Guinéens et Ivoiriens d’Europe, qui sont-ils ? De Bruxelles à Paris, autopsie d’un électorat ultra-connecté.
À moins d’un an de la présidentielle, la diaspora congolaise en France est dans les starting-blocks. Ces douze derniers mois, le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) s’est structuré, et les différents courants d’opposition ont tenté de se regrouper, tandis que les « combattants » multipliaient les coups d’éclat.
Inspirés des « cousins d’en face » (opposés à Kabila), ces jeunes radicaux, estimés à une cinquantaine, très hostiles sur les médias sociaux, ont agressé certains dirigeants du pays en visite en France à leur sortie d’avion et tenté de saccager l’ambassade de Paris. « Comme certains pouvaient déjà le faire par le passé », rappelle l’intellectuel Sébastien Mationgo Mboungou, arrivé en France dans les années 1990.
Une diaspora précieuse
Sauf que, cette fois, le président Denis Sassou Nguesso, en visite à l’Élysée en juin, a demandé à François Hollande de prendre des mesures pour améliorer la sécurité de l’unique symbole de la République du Congo en France. Une requête à la hauteur des enjeux liés au scrutin à venir et sur lequel la diaspora, même si elle ne vote pas, a une influence non négligeable.
Estimée à près de 350 000 personnes, très majoritairement des binationaux, elle représente à la fois une source financière précieuse, un espace de parole et une source d’informations incontournables, tant à l’étranger qu’au Congo même.
« La diaspora en France est la plus nombreuse, et a donc beaucoup d’influence au pays », résume Patrick Gabriel Dion, le président du PCT dans l’Hexagone, qui revendique près de 5 000 membres et sympathisants. La fédération française du parti présidentiel a vu ses missions s’élargir à l’approche des échéances électorales : « Il a fallu assurer notre implantation sur l’ensemble du territoire français pour pouvoir relayer les conclusions du dialogue national, organisé à Sibiti en juillet par la présidence, en faveur d’un changement constitutionnel. »
Violences peu probables
Du côté de l’opposition, regroupée depuis janvier au sein du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et représentée à Paris par le tout jeune Congrès africain pour le progrès (CAP), l’objectif de ces prochaines semaines est évidemment de contester toute réforme des textes.
Si les deux camps sont prêts à en découdre, cela se fera sans violence, en évitant « l’aspect ethnique, qui ne peut que favoriser les dérives », espère Sébastien Mationgo Mboungou. Une telle perspective, sur le sol français, reste même improbable selon les responsables politiques de la diaspora.
« Nous nous connaissons tous. Certains d’entre nous ont même fréquenté les mêmes bancs d’université », justifie Patrick Gabriel Dion. Seuls les réseaux sociaux, « incontrôlables par nature » selon Sanellie Tamba-Tamba, représentante du CAP et organisatrice du Grand meeting de la diaspora organisé en août à Paris, pourraient, à coups de campagnes de dénigrement et de photomontages grossiers, jeter un peu d’huile sur le feu.
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