Égypte : jackpot pétrolier pour Sissi

Au large de Port-Saïd, Zohr est le plus grand champ gazier jamais découvert en Méditerranée. Une assurance-vie pour le régime du maréchal-président.

Le raïs saura-t-il gérer judicieusement cette manne ? © AP/SIPA

Le raïs saura-t-il gérer judicieusement cette manne ? © AP/SIPA

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 7 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le président Abdel Fattah al-Sissi ne pouvait espérer plus beau don de la mer. Le 30 août, le groupe pétrolier italien ENI annonçait la découverte « la plus importante jamais faite en Méditerranée » d’un champ gazier dans les eaux égyptiennes. Au large des côtes orientales, à 1 450 m de profondeur et sur un secteur de 100 km² gît un potentiel d’environ 850 milliards de mètres cubes de gaz, de quoi assurer « les besoins en gaz naturel de l’Égypte durant des décennies » a précisé la major.

Une assurance-vie également pour le régime du maréchal Sissi, élu en mai 2014, qui avait fait de la réforme du secteur énergétique une priorité de son mandat. Il pourra puiser dans ce gisement providentiel baptisé Zohr (« Zénith ») les ressources nécessaires pour réaliser ses ambitieux programmes de relance industrielle et, surtout, pour répondre aux besoins des ménages, qui se sont accrus de 7 % par an entre 2004 et 2013.

Le ministère du Pétrole a annoncé une mise en production dans les trente à trente-six mois

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Un enjeu politique et économique crucial

La question énergétique est devenue un enjeu économique et politique majeur depuis que le pays est passé du statut d’exportateur à celui d’importateur de gaz en 2010 et que l’instabilité qui a suivi la révolution de 2011 a fait chuter la production. Les pannes d’électricité répétées sous la présidence du Frère musulman Mohamed Morsi ont eu raison de sa popularité. Les partisans de la révolution du 30 juin 2013, qui a mené à sa destitution, réclamaient notamment une solution à ce problème récurrent. Les islamistes avaient alors accusé le nouveau pouvoir d’avoir organisé les pénuries pour précipiter leur déchéance.

Alors qu’à Bagdad et Beyrouth les coupures d’électricité deviennent des symboles de l’incompétence et de la corruption des autorités qui font descendre des milliers de citoyens dans la rue, le peuple égyptien peut caresser l’espoir d’étés à venir sans pannes de climatiseurs.

Aubaine supplémentaire pour Le Caire, le gisement se situe à 200 km de la plateforme offshore de Temsah, une des plus grandes d’Égypte, déjà opérée par ENI et qui, ne fonctionnant plus qu’à 30 % de ses capacités, pourra traiter le gaz de Zohr. Le ministère du Pétrole a annoncé une mise en production dans les trente à trente-six mois et la restauration de l’autosuffisance énergétique du pays d’ici à cinq ans. Une bonne fortune qui ne fait pas l’affaire des exportateurs de gaz de la région et notamment d’Israël, qui espérait vendre au Caire une partie de la production de ses gisements de Léviathan et Tamar.

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