Maroc : Hakim ne regarde pas à la dépense
De Casa à Douala, J.A. a interrogé des patients sur leurs habitudes médicales et la manière dont ils financent leurs dépenses.
Santé : comment les classes moyennes africaines gèrent-elles leur budget ?
De Casa à Douala, J.A. a interrogé des patients sur leurs habitudes médicales et la manière dont ils financent leurs dépenses.
Au Maroc, la classe moyenne est plutôt choyée en matière de santé. Cette frange de la population, de plus en plus nombreuse, n’hésite pas à consulter un médecin spécialiste, à recourir aux services d’un dentiste au moindre pépin, à changer de lunettes tous les ans ou à faire appel systématiquement aux services d’une clinique privée dans le cas d’une hospitalisation, d’un accouchement ou d’une opération chirurgicale. Issue essentiellement du secteur privé ou de la fonction publique, elle dispose généralement d’une assurance-maladie privée, aux frais de l’employeur, en plus bien sûr de la fameuse couverture maladie obligatoire fournie par la sécurité sociale.
« Nos dépenses médicales et pharmaceutiques sont remboursées à hauteur de 80 % par notre assurance, explique Hakim, 36 ans, ingénieur dans l’industrie agroalimentaire. Et les délais de remboursement ne dépassent pas un mois en moyenne. Pourquoi alors se priver de services de qualité, surtout quand il s’agit de la santé de nos enfants ? On aurait bien aimé avoir des services moins chers dans les structures publiques, mais vu l’état calamiteux de nos hôpitaux… »
Parents de deux enfants (6 et 2 ans), Hakim et sa femme, cadre bancaire, ont un budget santé (consultations et médicaments) de pas moins de 4 000 dirhams par mois (environ 365 euros). « C’est un montant énorme, certes, reconnaît l’ingénieur. Mais vous savez, un enfant, ça tombe malade toutes les deux semaines, sans parler des visites régulières que l’on doit faire, notamment chez le dentiste ou le médecin de famille. »
Je suis médecin depuis quinze ans mais je n’ai pas la moindre couverture médicale, raconte Amine
Mais si notre couple de cadres dépense sans compter en matière de santé, ce n’est pas le cas de toute la classe moyenne marocaine. Les professions libérales, par exemple, ne bénéficient pas des mêmes avantages. « Je suis médecin depuis quinze ans mais je n’ai pas la moindre couverture médicale. Donc la pire chose pour moi, c’est de tomber malade ou que quelqu’un de ma famille ait un problème de santé », raconte Amine, généraliste à Casablanca.
Considérées comme riches, les professions libérales (avocats, notaires, architectes, médecins…) n’ont à ce jour pas la possibilité de souscrire à l’assurance obligatoire de la Caisse nationale de sécurité sociale. Il leur reste les compagnies privées, qui facturent leur police d’assurance jusqu’à 20 000 dirhams par an pour un couple avec un enfant. « C’est trop cher. Et ça ne couvre généralement pas toutes les pathologies », estime notre médecin, qui demande à être traité sur un pied d’égalité avec les salariés et les fonctionnaires.
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