Demain, un humain sur quatre sera africain : pour le meilleur ou pour le pire ?

D’ici à 2050, la population du continent va augmenter de 111 %, pour atteindre 2,5 milliards d’habitants.

Carte en anamorphose présentant l’évolution de la population en 2050 © Sources : Ined, Le Parisien

Carte en anamorphose présentant l’évolution de la population en 2050 © Sources : Ined, Le Parisien

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 15 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Aujourd’hui, un homme sur six vit en Afrique. En 2050, ce sera un sur quatre, si l’on en croit l’étude « Tous les pays du monde » publiée le 9 septembre par l’Institut national d’études démographiques (Ined), à Paris. Sur le continent, c’est une explosion qui est en cours. On dénombre 1,17 milliard d’Africains mi-2015. Ils seront 2,47 milliards en 2050 et peut-être 4,4 milliards en 2100.

Ce quasi-quadruplement est d’autant plus spectaculaire que la population mondiale passera seulement de 7,3 à 9,8 milliards d’habitants en 2050 et stagnera autour de 11 milliards à la fin du siècle. Car la croissance démographique de la planète ralentit : « En cinquante ans, elle a diminué de moitié », explique Gilles Pison, auteur de l’étude ainsi que de l’ouvrage La Démographie mondiale (éd. Rue des Écoles, 2015). Le freinage est général, sauf en Afrique. C’est le continent qui se peuple le plus vite.

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D’ici à 2050, il aura 1,3 milliard d’habitants supplémentaires, soit une progression de 111 %. Les deux Amériques compteront 234 millions d’habitants en sus (+ 24 %), la populeuse Asie 927 millions (+ 21 %), la petite Océanie 19 millions (+ 47 %), et la vieille Europe, elle, en perdra 14 millions, soit un recul de 1,9 %.

Une démographie africaine hétérogène

Mais toute l’Afrique ne sera pas logée à la même enseigne. Les deux zones les plus industrialisées, l’Afrique australe et l’Afrique septentrionale, connaîtront la progression la moins forte, respectivement de 14 millions (+ 22 %) et 170 millions d’habitants (+ 77 %) – surtout en raison des booms de la natalité en Égypte et au Soudan.

En revanche, l’Afrique centrale peut s’attendre à 229 millions d’âmes en plus (+ 154 %), l’Afrique occidentale à une hausse de 435 millions (+ 125 %) et l’Afrique orientale de 453 millions (+ 117 %).

D'un extrême à l'autre © Source : Ined

D'un extrême à l'autre © Source : Ined

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Si l’on considère les prévisions par pays, les bouleversements ne sont pas moins spectaculaires. Les cinq pays les plus peuplés aujourd’hui sont le Nigeria (182 millions d’habitants), l’Éthiopie (98 millions), l’Égypte (89 millions), la RD Congo (73 millions) et l’Afrique du Sud (55 millions). En 2050, le classement sera le suivant : Nigeria (397 millions), RD Congo (194 millions), Éthiopie (165 millions), Égypte (162 millions) et Tanzanie (129 millions).

Les progressions seront impressionnantes. Le Nigeria gagnera 215 millions d’habitants, la RD Congo 121 millions, la Tanzanie 77 millions, l’Éthiopie 67 millions et l’Ouganda 64 millions. Si l’on considère les taux de croissance, le Niger ouvrira la marche avec une progression de 260 % (record mondial), suivi du Mozambique (+ 184 %), du Burundi (+ 180 %), de la Zambie (+ 171 %) et du Tchad (+ 170 %).

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La croissance démographique, bénédiction ou malédiction ?

C’est l’indice de fécondité qui explique cette poussée. Comme le souligne l’étude de l’Ined, la moyenne mondiale s’établit à 2,5 enfants par femme, quand la moyenne africaine demeure à 4,7. Seize pays africains connaissent un taux de fécondité supérieur à 5 enfants par femme, et les huit pays les plus féconds du monde, avec 6 enfants ou plus par femme, se trouvent tous en Afrique : le Niger, encore une fois, est champion du monde (7,6), suivi du Soudan du Sud (6,9), de la RD Congo et de la Somalie (6,6), du Tchad (6,5), de la Centrafrique (6,2), de l’Angola (6,1) et du Burkina Faso (6).

Cette croissance démographique peut être une bénédiction pour l’Afrique si les bras et les cerveaux qui s’y multiplient trouvent un emploi pour faire fructifier les richesses du continent. Ce pourrait être une malédiction si les économies du continent demeuraient fondées sur la rente de leur sous-sol et sur le secteur informel.

Alors que l’ONU met la dernière main à ses Objectifs de développement durable (ODD) pour 2030, la communauté internationale ferait bien de donner la priorité au financement d’un développement africain « vigoureux, inclusif et durable », selon son mantra du moment, pour accueillir cette immense jeunesse.

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