Cameroun : pourquoi les soldats de retour de Centrafrique attendent toujours leur salaire

À Yaoundé, des Casques bleus de retour de Centrafrique ont défilé pour réclamer leur salaire, dont ils sont privés depuis dix-huit mois. La faute à qui ?

Des membres de la Minusca protestent, le 9 septembre, devant l’Assemblée nationale. © REINNIER KAZE/AFP

Des membres de la Minusca protestent, le 9 septembre, devant l’Assemblée nationale. © REINNIER KAZE/AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 16 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

La scène a fait désordre dans les rues de Yaoundé. Le 9 septembre, environ 200 soldats camerounais de retour de Centrafrique ont défilé dans le centre-ville pour réclamer le paiement de dix-huit mois d’arriérés de solde.

D’un montant total de près de 6 milliards de F CFA (9 millions d’euros), ces impayés concernent 1 300 militaires présents en Centrafrique pour le compte de la Misca (la mission déployée dès décembre 2013, sous la houlette de l’Union africaine – UA), puis de la Minusca (celle de l’ONU, opérationnelle depuis un an).

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Face à leur grogne, le gouvernement camerounais a annoncé le déblocage de fonds en urgence tout en pointant la responsabilité de l’UA. Chargée de rémunérer les soldats qui participent à ses missions, l’organisation panafricaine a rapidement fait son mea culpa. « Nous payons les militaires avec l’argent que nos partenaires mettent à notre disposition. Nous devons donc suivre des règles très strictes, justifie Smaïl Chergui, commissaire de l’UA à la paix et à la sécurité. Dans ce cas, il n’y a eu aucune mauvaise volonté, mais des problèmes techniques de comptabilité. »

L’UA ne serait cependant pas l’unique responsable de ce retard

D’après une source diplomatique à Addis-Abeba, l’UA ne serait cependant pas l’unique responsable de ce retard. Ainsi qu’elle l’exige pour chaque pays pourvoyeur de troupes, elle avait d’abord demandé, par souci de transparence, que chaque soldat camerounais dispose d’un compte bancaire sur lequel serait directement versée sa paye.

Habituées à rémunérer leurs militaires en argent liquide et arguant de leur souveraineté nationale, les autorités camerounaises ont longtemps fait de la résistance. Avant d’accepter de se plier, au bout de plusieurs mois seulement, aux exigences administratives de l’organisation panafricaine, rallongeant au passage le délai de paiement des troupes.

L’UA et les Nations unies, qui dépensent des centaines de millions de dollars pour leurs opérations de maintien de la paix, se montrent de plus en plus vigilantes sur le versement de ces indemnités.

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« Si les auditeurs externes découvrent des problèmes dans la gestion des comptes, l’UA doit rembourser les sommes manquantes à ses partenaires financiers », explique une source diplomatique proche de l’institution.

Les militaires burundais et éthiopiens déployés sous le drapeau de l’Amisom attendent leur argent depuis trois mois

Ces problèmes d’arriérés de solde ou de prime sont réguliers sur le continent. Dès la mi-août, des soldats gabonais, eux aussi engagés en Centrafrique dans les rangs de la Misca puis de la Minusca, avaient bruyamment réclamé leur dû à Libreville.

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Selon nos informations, les militaires burundais et éthiopiens déployés sous le drapeau de l‘Amisom, la mission de l’UA en Somalie, attendent quant à eux leur argent depuis trois mois, leurs gouvernements n’ayant pas rempli tous les critères nécessaires au déblocage des fonds par l’UA (environ 900 euros par mois et par soldat).

En Afrique de l’Ouest, des soldats tchadiens de la Minusma, la mission onusienne au Mali, sont également déjà montés au créneau. En septembre 2013 puis en novembre 2014, plusieurs dizaines d’entre eux avaient quitté leurs bases de Tessalit et Aguelhoc, dans le Nord malien, pour réclamer le paiement de leurs primes.

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