Santé : bientôt plus d’antivenin en Afrique ?

L’Afrique, mal-aimée des laboratoires pharmaceutiques ? Selon Médecins sans frontières (MSF), les stocks de FAV-Afrique, le sérum antivenin considéré comme le plus fiable, jusque-là produit par Sanofi-Pasteur, seront périmés en juin 2016.

Les serpents venimeux causent la mort de 30 000 personnes par an en Afrique © Christophe André/Flickr

Les serpents venimeux causent la mort de 30 000 personnes par an en Afrique © Christophe André/Flickr

MEHDI-BA_2024

Publié le 22 septembre 2015 Lecture : 1 minute.

Or la société a arrêté sa production en 2014. Motif invoqué : l’absence de rentabilité de ce remède. L’Afrique subsaharienne paie pourtant un lourd tribut aux serpents venimeux, avec 30 000 décès par an sur les 100 000 recensés à travers le monde. Sans compter les patients amputés ou atteints d’invalidité du fait des complications liées aux morsures.

« Nous sommes confrontés à une crise sanitaire, alerte le Dr Gabriel Alcoba, spécialiste des morsures de serpent à MSF. Alors pourquoi les gouvernements, les sociétés pharmaceutiques et les organismes de santé mondiale se défilent au moment où nous avons le plus besoin d’eux ? »

la suite après cette publicité

Lorsque Sanofi a pris la décision de cesser la fabrication du FAV-Afrique, en 2010, la société ne vendait plus que 5 000 doses par an, contre 30 000 quelques années plus tôt. Concurrencé par des sérums venus d’Asie ou d’Amérique latine, moins efficaces – voire parfois contrefaits – mais moins chers à produire, sur un marché où les patients sont peu solvables, FAV-Afrique a donc été abandonné par la firme – qui n’a rendu sa décision publique qu’en 2014.

Les morsures de serpents, une cause majeure de mortalité

Selon MSF, ces morsures représentent « une cause majeure de mortalité mais restent l’une des crises de santé publique les plus négligées dans le monde ». Selon une récente enquête menée dans 33 villages du Soudan du Sud, les taux d’incidence atteignent plus de 1 500 morsures de serpent par an pour 100 000 habitants. Plus de la moitié des victimes ont été empoisonnées, et 2 % à 4 % d’entre elles sont mortes.

L’Afrique était déjà en situation de vulnérabilité, les morsures survenant généralement dans des zones rurales dépourvues d’électrification, ce qui empêche de conserver les vaccins à la température requise (2 °C à 8 °C). Pour pallier le retrait de Sanofi, des négociations sont en cours afin de procéder à un transfert de technologie vers une autre firme. Avec un problème de taille : obtenu par immunisation du cheval, le vaccin est très long à produire – deux ans. Dans l’hypothèse la plus optimiste, les premiers lots de FAV-Afrique ne seraient donc disponibles qu’en 2019.

la suite après cette publicité

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image