D’hier à demain : comment a évolué le monde et que nous promet-il ?

Il vaut la peine, je pense, que nous nous posions deux questions : 1) Que s’est-il passé en Afrique et dans le monde depuis la mi-juillet qui porte à conséquence et dont les effets sont susceptibles d’affecter notre proche avenir ? 2) Que nous promettent les dernières semaines de ce mois de septembre et le début d’octobre, qui forment, dans notre partie du monde, ce qu’on appelle « la rentrée » ?

Le président Buhari a été élu sur un programme de lutte contre la corruption. © Cliff Owen/AP/SIPA

Le président Buhari a été élu sur un programme de lutte contre la corruption. © Cliff Owen/AP/SIPA

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Publié le 24 septembre 2015 Lecture : 4 minutes.

Regardons d’abord comment a évolué le continent africain au cours des six semaines écoulées. Ses trois grands pays, le Nigeria, l’Égypte et l’Afrique du Sud, rassemblent plus de 300 millions d’Africains, soit plus du quart de sa population, et totalisent un produit intérieur brut (PIB) légèrement supérieur à 1 200 milliards de dollars par an, soit près de 50 % du PIB total de l’Afrique (qui s’élève à 2 460 milliards).

Première économie africaine avec plus de 573 milliards de PIB annuel, le Nigeria a élu, fin mars dernier, Muhammadu Buhari, un président réputé pour son intégrité et qui se disait porteur d’un grand changement.

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Plus de cent jours après son investiture, le 29 mai, on ne voit rien venir ni même se dessiner, et l’on se prend à douter : les Nigérians se seraient-ils encore trompés, et allons-nous, avec eux, être gravement déçus ?

En Afrique du Sud, qui, avec seulement 54 millions d’habitants, est la deuxième économie du continent, la déception est déjà installée. Depuis que Jacob Zuma est à sa tête (il achèvera, en mai 2019, dans trois ans et demi, son second et dernier mandat de cinq ans), le pays de Nelson Mandela stagne ou régresse sur presque tous les plans ; des soubresauts sont à craindre et, en tout cas, nul ne sait dans quel état Zuma laissera son pays lorsqu’il transmettra le pouvoir à son successeur.

La démocratie sud-africaine sortira-t-elle indemne de ses manipulations ?

Quant à l’Égypte, elle croit avoir fait sa « révolution » en 2011 parce que la rue (et la fameuse place Tahrir) a renversé un Hosni Moubarak usé jusqu’à la corde par trente ans d’un exercice dictatorial et népotique du pouvoir.

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Mais la voici, dès 2014, dotée de son quatrième général-président en soixante ans.

Ce dernier, Abdel Fattah al-Sissi, estime que son peuple n’est pas mûr pour la démocratie et ne le sera pas de sitôt. Il s’est en tout cas mis, sans état d’âme, à éradiquer les islamistes égyptiens, soutenus par près de 10 % des 90 millions d’Égyptiens.

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Se voulant un nouveau Nasser, il vient d’élargir le canal de Suez en un temps record et avec des capitaux empruntés à ses compatriotes. Sur ce, extraordinaire coup de chance : un grand pétrolier européen, l’italien ENI, annonce ce mois-ci que, grâce à lui, l’Égypte va disposer en gaz, dès 2017, de l’équivalent de 2 millions de barils de pétrole par jour pendant vingt ans.

C’est considérable et inespéré. Même avec des hydrocarbures moins demandés et dont le prix a diminué de moitié, l’Égypte et son président sont parés pour deux décennies.

Ils vont entrer dans la cour des grands. Prions pour que ça ne leur monte pas à la tête.

*

Hors d’Afrique, deux évolutions principales se signalent à notre attention. Toutes deux affectent ce Moyen-Orient où le tumulte est la règle et où un drame chasse l’autre.

La Syrie me paraît être entrée, cette fois pour de bon, dans la phase finale et paroxysmique de sa guerre civile : la carte du pays est à redessiner, l’État syrien est à reconstruire.

Ce régime que Bachar al-Assad a hérité de son père semble à bout de souffle et ne survit que parce que la Russie et l’Iran le maintiennent à grands frais sous perfusion.

Les factions syriennes vouées depuis quatre ans à l’abattre n’ayant jamais eu d’existence autonome, la négociation pour sortir du conflit – dont l’ouverture est imminente – se déroulera donc entre les puissances qui soutiennent, financent et arment les belligérants syriens.

Ces derniers n’auront d’autre choix que de se soumettre à des décisions prises en dehors et au-dessus d’eux par les maîtres qu’ils se sont donnés.

Il faudra cependant bouter Daesh hors de Syrie avant de s’atteler à la reconstruire. Et à lui donner de nouvelles frontières.

Vaste programme !

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L’Iran, « ce pays aussi peuplé que la Turquie, aussi grand que l’Europe occidentale et dont les réserves de gaz sont les plus importantes du monde », est sorti de « l’axe du mal » pour redevenir un des grands du Moyen-Orient.

L’accord qu’il a signé le 14 juillet, il y a donc deux mois, avec les États-Unis et les cinq autres grandes puissances mondiales a été avalisé par l’Europe, les Nations unies et, last but not least, par le Congrès des États-Unis.

Il entre progressivement en vigueur. Mais il se heurte encore, et pour de longs mois, à l’opposition déclarée de la plupart des congressistes républicains, à celle de l’ensemble des candidats républicains à la présidence, ainsi qu’à celle de la grande majorité des Juifs israéliens et de la moitié environ des Juifs de la diaspora.

Son avenir ne sera donc assuré que s’il passe l’année 2016 sans encombre ni retour en arrière.

En février-mars 2016, l’Iran réélira ses législateurs et, en novembre, l’Amérique désignera le successeur de Barack Obama à la Maison Blanche.

Les mois qui viennent peuvent donc nous réserver des surprises…

*

La France ? Elle se prépare à entrer dans la dernière année du quinquennat décevant de François Hollande, dont la courbe d’impopularité se révèle impossible à redresser.

Le pays est depuis près d’une décennie enserré dans des indicateurs affligeants : 0 – 10 – 90 – 65 (0 de croissance ; 10 % de taux de chômage ; 90 % du PIB pour l’endettement ; et 65 milliards d’euros pour le déficit de sa balance commerciale annuelle).

Le passé de la France, l’idée qu’elle se fait d’elle-même et les atouts dont elle dispose lui interdisent de se complaire plus longtemps dans cette situation.

Qui la prive de surcroît de toute liberté de mouvement, et ôte à ses initiatives africaines ou internationales toute crédibilité.

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