À Madagascar, le terrible bilan de la sauvagerie coloniale…

C’est un épisode méconnu, et pourtant : en 1947, Madagascar connut aussi une violente insurrection nationaliste, réprimée tout aussi violemment qu’au Cameroun par l’administration coloniale française.

Juin 1947. Le chef de district de Manahoro interroge un habitant d’un village précédemment occupé par les rebelles. © AFP

Juin 1947. Le chef de district de Manahoro interroge un habitant d’un village précédemment occupé par les rebelles. © AFP

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Publié le 12 octobre 2015 Lecture : 1 minute.

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Cameroun : la répression des militants nationalistes de l’UPC

La France s’est engagée à ouvrir ses archives concernant la répression féroce qui s’est abattue, au tournant de l’indépendance, sur les militants nationalistes de l’UPC. Mais au Cameroun, les plaies n’ont pas encore cicatrisées.

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« Ironiquement, le malaise a explosé à cause de la mauvaise gestion des administrateurs de la France libre, qui avaient durci le code de l’indigénat et rétabli le travail forcé pour alimenter l’effort de guerre », rappelle l’historien Jean Fremigacci.

À l’époque Paris, concentré sur l’Indochine, ne prend pas la mesure de ce qui se joue à Antananarivo et dans l’est de la Grande Île, et n’envoie sur place qu’une dizaine de bataillons marocains et algériens mal entraînés. Brutalité, viols collectifs… Le résultat est catastrophique. À Moramanga, un train d’une centaine de prisonniers politiques est mitraillé ; à Mananjary, au moins six opposants sont jetés vivants depuis les avions de l’armée ; à Antananarivo, des centaines sont arrêtés et beaucoup meurent sous la torture. L’ordre n’est finalement rétabli qu’en décembre 1948, village après village, grâce à une technique mise en place par le général Pierre Garbay, muté ensuite en Tunisie et au Cameroun pour mater d’autres révoltes

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« Extrêmement médiatisée au début, l’insurrection malgache finira par disparaître de la une au profit de la guerre d’Indochine. La guerre d’Algérie achèvera de rendre cet événement « secondaire » », estime Jean Fremigacci. Le bilan de ce qui n’a jamais été considéré comme une guerre est pourtant lourd : en moins de deux ans, elle aurait fait entre 30 000 et 90 000 morts.

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