Coup d’état au Burkina : qui a fait quoi durant la crise ?

La crise politique au Burkina Faso s’est finalement soldée par le retour du président de transition, Michel Kafando, au pouvoir. Quelle attitude ont adopté les personnages influents du pays ?

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 1 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

Pingrenoma Zagré, 58 ans, chef d’état-major général des armées

Décrit par un de ses proches comme « serein et pacifiste », il connaît très bien Gilbert Diendéré (même promotion à Saint-Cyr). Une relation privilégiée qui a grandement contribué à assurer le succès de sa médiation entre putschistes du régiment de la sécurité présidentielle et loyalistes. Le 22 septembre au soir, il a envoyé quatre officiers chez le Mogho Naaba pour signer un accord d’« apaisement » avec un gradé du RSP.

Mogho Naaba, roi traditionnel des Mossis © Issouf Sanogo/AFP

Mogho Naaba, roi traditionnel des Mossis © Issouf Sanogo/AFP

la suite après cette publicité

Mogho Naaba, roi traditionnel des Mossis, l’ethnie majoritaire

Figure très respectée. Habitué à jouer les médiateurs depuis le début de la transition. Après avoir reçu le général Diendéré le 21 septembre, alors qu’un risque d’affrontement entre militaires se précisait, a accueilli le lendemain soir dans son palais des officiers loyalistes et un représentant des putschistes. Qui se sont alors tous solennellement engagés à déposer les armes.

Gilbert Diendéré, 55 ans, ex-président de l’éphémère et putschiste « Conseil national pour la démocratie »

Une semaine après sa prise de pouvoir, alors qu’il s’autoflagellait en public en disant « regretter » le coup d’État, le « mystère Diendéré » restait entier. L’ex-bras droit de Blaise Compaoré a-t-il conçu ce plan pour prendre le pouvoir ? Ou s’est-il laissé entraîner dans cette aventure par les hommes du RSP – « ses » soldats – afin de limiter la casse et de sauver ce qui pouvait l’être ? Les acteurs de premier plan de cette crise penchent pour la seconde hypothèse. « Il n’était pas à l’origine du coup de sang du RSP, il s’est invité a posteriori », assure un médiateur. Jusqu’à présent toujours resté dans l’ombre, il en paiera le prix fort.

la suite après cette publicité

Chérif Sy, 55 ans, président du Conseil national de la transition (Parlement)

Ancien journaliste, sankariste pur jus. A fait preuve d’un grand courage face aux putschistes. Entré en clandestinité dès l’annonce du coup d’État, il leur a tenu tête en s’autoproclamant « président par intérim » jusqu’à la remise en liberté de Michel Kafando, appelant les Burkinabè à résister, restant en contact avec la hiérarchie militaire et rejetant le projet d’accord de la Cedeao (« un compromis indécent »). À l’origine, ces derniers mois, de plusieurs lois insufflant un changement radical (dont celle sur le code électoral, qui a mis le feu aux poudres), il assume ses positions : selon lui, la mission de la transition était de « déstructurer intellectuellement et institutionnellement » l’ancien régime.

Yacouba Isaac Zida, ancien Premier ministre burkinabè. © Théo Renaut/AP/SIPA

Yacouba Isaac Zida, ancien Premier ministre burkinabè. © Théo Renaut/AP/SIPA

la suite après cette publicité

Yacouba Isaac Zida, 49 ans, premier ministre de la transition

Ennemi juré du RSP depuis qu’il a envisagé sa dissolution. Séquestré au palais de Kosyam près d’une semaine. Relâché vers 3 heures du matin le 22 septembre. Après un rapide passage par la primature, a été placé en « lieu sûr », d’où il a participé à la coordination des unités loyalistes de l’armée et de la gendarmerie contre les putschistes. Un temps perçu comme hors jeu, il a finalement retrouvé sa place à la tête du gouvernement.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image