RDC – André Kalonzo Ilunga : but contre son camp

Jugeant Étienne Tshisekedi incapable de diriger l’UDPS, l’ancien footballeur a tenté un putsch contre le vieil opposant congolais. Résultat : il a été radié, et le parti en ressort plus affaibli que jamais.

Le frondeur, en campagne pour l’UDPS lors des élections législatives, à Lubumbashi, en novembre 2011. © PHIL MOORE/AFP

Le frondeur, en campagne pour l’UDPS lors des élections législatives, à Lubumbashi, en novembre 2011. © PHIL MOORE/AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 30 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Il fut le plus grand parti de l’opposition congolaise. Son actualité se résume désormais à des luttes internes, à des milliers de kilomètres de Kinshasa. À Bruxelles, du 18 au 20 septembre, une vingtaine de cadres historiques de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), dont la plupart vivent en exil, ont tenu conclave dans le dos de son leader, Étienne Tshisekedi, 82 ans, également en Belgique (mais, lui, en convalescence depuis plus d’un an). Sans grande surprise, les frondeurs ont proclamé la destitution de leur chef pour le remplacer par André Kalonzo Ilunga.

Ce dernier n’est pas tout à fait un inconnu. Ancienne star du Tout-Puissant Mazembe, l’équipe de football de Lubumbashi, dans les années 1970, il est aussi l’un des tout premiers membres de l’UDPS. À ses côtés, François Mpuila, lui aussi ancien du mouvement et par le passé très proche de Tshisekedi, qui pourrait être le candidat de cette faction à la prochaine élection présidentielle. « Nous devions prendre cette décision pour sauver le parti, car il n’est plus dirigé », explique Mpuila, considéré par nombre de ses anciens camarades comme le véritable cerveau de cette opération.

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Manipulé par sa famille ? 

Les derniers fidèles de Tshisekedi ont été prompts à réagir : ils ont banni de l’UDPS tous les participants au conclave. Cette tentative de « destitution » se solde donc par une nouvelle scission, inquiétante pour la formation. Car depuis la présidentielle de 2011, à laquelle Tshisekedi était arrivé deuxième derrière le président Joseph Kabila, le parti ne cesse de se diviser. « Les problèmes ont commencé lorsque le chef est tombé malade, assure Jean-Baptiste Kabuya, ancien cadre du parti resté fidèle à Tshisekedi. Les médecins lui ont prescrit du repos, et ses conseillers ont mal supporté que seule sa famille puisse le voir ! »

Avant Mpuila et Kalonzo, l’ancien porte-parole Albert Moleka était ainsi parti, en mars, rejoindre l’UDPS-Kibassa, une formation issue d’une précédente scission. Quant à Valentin Mubake, autrefois proche de Tshisekedi, il a lui aussi pris ses distances, même s’il reste formellement adhérent. Presque tous ces ex-cadres accusent la famille du « vieux », sa femme Marthe et son fils Félix, de le manipuler. « Les défections ont peu d’importance car aucun de ces conseillers n’a la moindre popularité sur le terrain comparé à Étienne Tshisekedi », veut pourtant croire Jean-Baptiste Kabuya.

Autoproclamé « président élu »

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Le problème, c’est que Tshisekedi n’est plus sur le terrain depuis longtemps. Lors de sa dernière apparition, à Bruxelles le 28 juin, il a laissé à un tiers le soin de lire son discours. Mais il a tout de même dit quelques mots pour soutenir le principe d’un « dialogue » avec le pouvoir. Or cette stratégie a sans doute également beaucoup coûté à l’UDPS, dont la crédibilité reposait en grande partie sur son intransigeance vis-à-vis du pouvoir. En janvier 2012, au lendemain de la présidentielle, Tshisekedi était allé jusqu’à s’autoproclamer « président élu », refusant de reconnaître la victoire de Kabila.

Ces dernières semaines, des émissaires des deux camps ont mené des discussions à Venise (Italie) puis à Ibiza (Espagne). Pour la frange la plus radicale de l’opposition, ces discussions s’apparentent à une trahison. Si bien que l’UDPS a fini par renoncer à ces échanges. « Ils n’étaient pas compréhensibles pour l’opinion », reconnaît Félix Tshisekedi. En attendant, ses fidèles sont devenus presque invisibles à Kinshasa, abandonnant à d’autres le devant de la scène contestataire.

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