Affaire Laurent-Graciet : pourquoi la thèse de la manipulation par le Maroc ne tient pas
Dans l’affaire de chantage contre Mohammed VI, la défense des deux journalistes français mis en examen fait feu de tout bois pour éviter un procès.
Acte I. Début septembre, les avocats de Catherine Graciet et d’Éric Laurent – lesquels étaient ressortis de leur troisième rendez-vous, le 27 août, avec Me Hicham Naciri, l’avocat du secrétariat particulier de Mohammed VI, avec 80 000 euros en liquide – annoncent le dépôt devant la cour d’appel de Paris d’un recours en annulation des enregistrements des deuxième (21 août) et troisième rendez-vous. Motif : ces enregistrements auraient été « orchestrés » par le parquet, bien que réalisés par l’avocat marocain. L’enjeu est capital puisqu’il s’agit d’écarter totalement de la procédure deux enregistrements gênants pour les journalistes.
Acte II. Le 23 septembre, France Inter divulgue des extraits de l’expertise concernant l’enregistrement des propos tenus lors du premier rendez-vous (11 août), lequel ne peut pas avoir été « orchestré » par le parquet, puisqu’à cette date aucune plainte n’a encore été déposée. Selon la station, l’enregistrement de la rencontre du 11 août entre Me Naciri et Éric Laurent aurait subi un « traitement impossible à préciser ». « Faux, rétorque la partie plaignante, l’expertise est sans appel : la bande n’a pas été trafiquée, mais travaillée pour en améliorer la qualité sonore. »
Dès sa déposition du 26 août, Me Naciri avait d’ailleurs pris soin de préciser à la police française que le fichier audio avait été « travaillé » mais n’avait pas été « morcelé » et n’avait été l’objet « d’aucun montage ». La thèse habilement suggérée d’une manipulation du premier enregistrement ne tient donc pas la route. Est-il vraisemblable que l’avocat ait enregistré les rendez-vous suivants en prenant le risque d’être trahi par les deux journalistes ? En réalité, les propos de ces derniers lors des enregistrements suivants, tels que les a retranscrits la police, confirment la thèse du chantage. Et non d’un simple « deal financier ».
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