Transport aérien : Abidjan, toujours pas à l’heure américaine
Malgré de gros investissements pour mettre ses installations aux normes et améliorer la sécurité au sol comme en vol, l’aéroport ivoirien n’a pas encore réussi à ouvrir une ligne transatlantique.
Aérien : l’Afrique à tire-d’aile
Tour d’horizon du secteur aérien en Afrique. Des déboires de Camair-Co aux ambitions contrariées de l’aéroport d’Abidjan et aux difficultés du nouveau hub de Dakar. Retrouvez également une interview exclusive de Driss Benhima, patron de Royal Air Maroc, ainsi que des portraits inédits d’Henok Teferra, nouveau directeur général de la compagnie ouest-africaine Asky, et de Sarra Rejab, aux manettes de Tunisair.
Plus de cinq mois après la certification de l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny par les autorités américaines via la Transportation Security Administration (TSA), aucune compagnie aérienne n’a entamé de liaison entre Abidjan et les États-Unis. L’ouverture d’une desserte transatlantique était pourtant, avec l’amélioration de la sûreté aéroportuaire et de la sécurité aérienne, l’une des trois conditions à remplir pour obtenir l’agrément américain.
Du côté d’Aéria, la société qui gère l’aéroport de la capitale économique ivoirienne, on pensait pouvoir compter sur l’engagement pris par South African Airways (SAA) de dérouter sur Abidjan trois des sept vols reliant Johannesburg à Washington via Dakar. Hélas, SAA, qui connaît d’importantes difficultés financières, a renoncé à ces trois vols hebdomadaires, préférant relier l’Afrique du Sud aux États-Unis via le Ghana tout en conservant la desserte du Sénégal, après un lobbying intense de Dakar. « Le trafic à Accra est très satisfaisant. Cette nouvelle ligne est un vrai succès », explique d’ailleurs une source proche de la compagnie.
Selon le ministère ivoirien des Transports, jusqu’à 40 % des passagers au départ d’Abidjan auraient pour destination finale l’Amérique du Nord
Investissements
Sur les rives de la lagune Ébrié, la décision de SAA a bien du mal à passer. L’aéroport d’Abidjan a engagé ces dernières années d’importants investissements pour mettre ses installations à niveau.
Son trafic, en augmentation constante depuis 2011 (il devrait atteindre 1,5 million de passagers cette année), est encore inférieur à celui de l’aéroport de Dakar (1,7 million en 2014), dont toutefois la fréquentation baisse depuis deux ans. Selon le ministère ivoirien des Transports, jusqu’à 40 % des passagers au départ d’Abidjan auraient pour destination finale l’Amérique du Nord.
Également approchée par Gaoussou Touré, le ministre des Transports, la compagnie américaine Delta Airlines ne semble pas plus intéressée, malgré un accord de coopération signé en avril entre son hub, l’aéroport international d’Atlanta, et le gouvernement ivoirien. Il est vrai que la diaspora ouest-africaine installée aux États-Unis réside plutôt dans le Nord-Est et non en Géorgie. Elle préfère donc emprunter les aéroports de Washington, de New York ou de Boston.
L’aviation civile ivoirienne et la compagnie sud-africaine auraient trouvé un accord pour ouvrir des lignes vers les États-Unis à partir de mars ou avril 2016
Compromis
Tout espoir n’est cependant pas encore perdu pour Abidjan, selon une source proche de SAA. Un optimisme confirmé par un responsable du ministère des Transports qui indique que l’aviation civile ivoirienne et la compagnie sud-africaine auraient trouvé un accord pour ouvrir des lignes vers les États-Unis à partir de mars ou avril 2016. Ce compromis permettra à Abidjan de remplir les conditions pour un renouvellement de son agrément par TSA en 2017. Pour l’heure, c’est encore via Paris (avec Air France) ou Casablanca (avec Royal Air Maroc) que les passagers embarquant à Abidjan peuvent traverser l’Atlantique. Au prix de longues correspondances.
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