Transport aérien : fin de chantier tumultueux pour le hub de Dakar

L’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) peine à voir le jour. Les désaccords entre le constructeur, l’entreprise saoudienne Saudi BinLadin, et l’État ne cessent de s’enchaîner, retardant d’autant la livraison finale.

L’aérogare de l’AIBD, en septembre 2015. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

L’aérogare de l’AIBD, en septembre 2015. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Publié le 14 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

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Après plusieurs reports de la date de livraison de l’ouvrage, le chantier de l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) de Diass (au sud-est de Dakar) est au point mort. Annoncée pour 2012, l’inauguration du hub de la capitale sénégalaise est prévue au mieux pour la fin de l’année prochaine.

Alors que les travaux sont largement exécutés, à hauteur de 85 % selon Abdoulaye Mbodj, directeur général de l’AIBD, l’entreprise saoudienne Saudi BinLadin Group refuse de terminer l’ouvrage, demandant un nouveau délai et une rallonge financière. Début août, au moment même où la nouvelle ministre du Tourisme et des Transports aériens, Maïmouna Ndoye Seck, visitait le site de Diass, les ouvriers étaient en grève, mécontents de ne pas recevoir leur salaire depuis deux mois…

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Reste que les autorités sénégalaises ne semblent pas vouloir accéder à la dernière demande du constructeur. Après avoir signé quatre avenants au contrat initial, elles refusent pour l’heure de s’engager sur un cinquième.

Un aéroport coûteux

Si l’ambiance est électrique, c’est que, outre le retard pris, la facture ne cesse d’augmenter. Le premier avenant, signé sous le régime du président Abdoulaye Wade, concepteur du projet, s’élevait à 2 milliards de F CFA (3 millions d’euros), le second à près de 40 milliards et le troisième à 27 milliards. En 2013, le quatrième avenant de 50 milliards avait déjà fait l’objet d’âpres discussions entre les parties. Le groupe saoudien se justifie pour sa part en avançant diverses modifications apportées au projet initial, ainsi que des difficultés liées à l’état du terrain, une zone latéritique rendant la construction difficile et donc onéreuse.

Cette fois, le groupe Saudi BinLadin réclame 63 milliards de F CFA et promet la fin des travaux pour décembre 2016. Estimé initialement à 229 milliards de F CFA, le montant de la construction dépasse aujourd’hui 400 milliards, selon Abdoulaye Mbodj. Actuellement en suspens, les négociations pourraient reprendre après le pèlerinage à La Mecque. La ministre ayant déjà fait savoir qu’elle exigerait que l’infrastructure soit terminée pour le 1er juillet 2016.

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De fortes tensions entre le groupe saoudien et l’AIBD

Du côté du groupe saoudien, on est très virulent. « Soit l’AIBD continue à nous soutenir pour le bien général et pour le bien du Sénégal, soit on leur dira : « Démerdez-vous. » Le client doit soutenir l’entrepreneur lorsqu’il rencontre des difficultés, pas lui mettre des bâtons dans les roues », avait lancé Roger Salwan, directeur régional de l’entreprise.

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Loin d’apaiser les tensions, la direction de l’AIBD a mis de l’huile sur le feu en avançant l’idée d’un recours à des entreprises locales pour terminer les travaux. À Dakar, on se veut cependant rassurant concernant la capacité de l’État à achever le chantier… Le financement aurait en effet été sécurisé grâce à la mise en place d’une redevance sur le développement des infrastructures aéroportuaires (RDIA).

Aux retards accumulés pourraient s’ajouter d’autres difficultés, puisque le groupe allemand Fraport, qui a obtenu la concession relative à sa gestion, menace de rompre son contrat, considérant que l’AIBD ne serait finalement pas assez rentable.

La réduction par l’État sénégalais d’une batterie de taxes, dont les redevances aéroportuaires, dans le cadre de sa politique de relance du tourisme, aurait douché les ardeurs de Fraport, qui réclame pas moins de 650 millions de F CFA de dédommagement.

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