Portrait : Henok Teferra, un diplomate à la tête d’Asky

Nommé en mai directeur général de la compagnie panafricaine, l’ex-stratège d’Ethiopian Airlines, qui plus jeune se rêvait ambassadeur, veut faire du transporteur une référence sur le continent.

Henok Teferra, le jeune directeur général (40 ans) d’Asky AIrlines doit faire face à des coûts d’exploitation élevés. © DR

Henok Teferra, le jeune directeur général (40 ans) d’Asky AIrlines doit faire face à des coûts d’exploitation élevés. © DR

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Publié le 12 octobre 2015 Lecture : 3 minutes.

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Aérien : l’Afrique à tire-d’aile

Tour d’horizon du secteur aérien en Afrique. Des déboires de Camair-Co aux ambitions contrariées de l’aéroport d’Abidjan et aux difficultés du nouveau hub de Dakar. Retrouvez également une interview exclusive de Driss Benhima, patron de Royal Air Maroc, ainsi que des portraits inédits d’Henok Teferra, nouveau directeur général de la compagnie ouest-africaine Asky, et de Sarra Rejab, aux manettes de Tunisair.

Sommaire

À 40 ans, Henok Teferra est devenu, en mai, le troisième directeur général d’Asky. Sa mission, confirmer la place du transporteur (détenu à 40 % par Ethiopian Airlines) parmi les meilleures compagnies régionales du continent. Sa nomination est survenue un mois après la démission pour convenance personnelle de Yissehak Zewoldi, en poste depuis 2013.

Vice-président chargé de la stratégie, de la communication, des alliances et chef de cabinet du PDG d’Ethiopian Airlines jusqu’à son parachutage à la tête d’Asky, Henok Teferra a débarqué à Lomé, au Togo (siège du transporteur), comme s’il était chez lui, parfaitement à l’aise en anglais comme en français, qu’il parle sans accent. Si son objectif est avant tout de rester dans les pas de son prédécesseur, reconnu pour ses bons résultats, il entend également poursuivre « le développement de la compagnie, notamment en Afrique centrale ». L’an dernier, Asky a transporté environ 500 000 passagers sur 22 destinations en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.

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Dossiers chauds

Sur son bureau, quelques dossiers chauds attendent le nouveau patron. Fin avril, l’agence Reuters faisait état d’une dette de 50 à 60 millions de dollars que la compagnie envisageait de combler avec l’arrivée de nouveaux investisseurs. Interrogé, l’état-major n’a pas souhaité commenter cette information, se bornant à assurer qu’Asky ferait des bénéfices en 2015.

Hyperactif, le manager n’hésite pas à quitter son bureau, pour se rendre lui-même à l’aéroport afin de superviser les opérations.

Avec cette prise de fonctions, l’ex-doctorant en droit international de l’université Paris-I confirme sa volonté de faire carrière dans le secteur privé. Après quelques années passées en France au sein d’une société spécialisée dans les systèmes d’information, Henok Teferra était pourtant retourné en Éthiopie pour embrasser une carrière de diplomate. Il gravit ainsi les échelons au ministère éthiopien des Affaires étrangères jusqu’en 2010. Sa carrière va changer brusquement d’orientation au cours d’une réunion de négociations de services aériens entre la RD Congo et l’Éthiopie.

« Ce jour-là, à la fin de la rencontre au cours de laquelle j’assurais la traduction entre Congolais et Éthiopiens, Girma Wake, PDG d’Ethiopian Airlines, me propose de rejoindre la compagnie », explique-til. Après quelques hésitations, il accepte le défi, convaincu par « la vision panafricaniste » de l’entreprise. Nommé directeur de la communication et des affaires internationales du géant aérien, Teferra mettra à peine trois ans pour obtenir la confiance de Tewolde GebreMariam, l’actuel PDG, qui le propulse au poste de vice-président, grâce auquel il siège aussi au conseil d’administration d’Asky.

En vue, des vols vers Nouakchott, Johannesburg, Praia ou Beyrouth.

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Henok Teferra instaure une stratégie de gestion axée sur la proximité avec ses collaborateurs, mais aussi avec les clients. « Nous avons rarement vu un dirigeant aussi à l’aise avec nous », confie un employé de la compagnie. La maîtrise du français et la jeunesse du patron contribuent à faire tomber certaines barrières. Hyperactif, le manager n’hésite pas à quitter son bureau, qui offre une vue magnifique sur Lomé, pour se rendre lui-même à l’aéroport afin de superviser les opérations.

Libéralisation

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Passé la crise Ebola, séisme économique pour la plupart des transporteurs aériens, Henok Teferra doit aussi faire face aux coûts d’exploitation toujours aussi élevés de sa flotte. Celui qui n’a d’autre plan d’avenir que de « grandir avec Asky » livre un plaidoyer en faveur de la libéralisation de l’espace aérien africain et de la réduction des taxes perçues par les aéroports. Henok Teferra espère « atteindre ce qui n’a jamais été fait auparavant à Asky » et permettre à la compagnie d’être autonome, surtout du point de vue de la formation du personnel. « La desserte de nouvelles lignes et de nouveaux continents reste une priorité pour 2016 », indique le DG. En vue, des vols vers Nouakchott, Johannesburg, Praia ou Beyrouth…

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