Musique : la Malian touch du dernier album de Saint Germain

St Germain, DJ icône de la French Touch dans les années 1990, revient le 9 octobre avec un album, mélange de boucles électroniques et de rythmes africains, inspiré de Vieux Kanté et des Dozos du Mali.

Capture d’écran du clip Real Blues. © YouTube

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Publié le 9 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

Certains artistes se font attendre plus que d’autres. Ludovic Navarre, alias St Germain, est de ceux-là : il lui aura fallu près de quinze ans pour revenir sur le devant d’une scène qu’il avait quittée en 2001, las des paillettes, du business, de la facilité en somme. Au crépuscule du vingtième siècle, rien, pourtant, ne lui résistait.

Ses deux albums, Boulevard (1995) et Tourist (2000), s’étaient vendus à près de quatre millions d’exemplaires et certaines de ses productions ont été reprises par les Rolling Stones. Bref, s’il n’a jamais partagé l’exubérance des stars de la French Touch comme les Daft Punk, St Germain était au sommet de son art. Au point, sans doute, d’avoir peur de le perdre. « Je voyais des artistes utiliser toujours les mêmes codes, les mêmes techniques, sans recherche », explique-t-il.

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Ludovic Navarre va donc « s’éloigner ». Durant quinze ans. Le temps de s’offrir une longue pause, de se « vider la tête » et de s’offrir une introspection qui va le mener loin de ses origines, dans un univers ouest-africain qu’il avoue aimer depuis longtemps, celui du balafon, du n’goni et de la kora. « J’ai d’abord cherché du côté du Nigeria puis du Ghana, mais ça ne marchait pas. J’ai découvert ensuite la musique malienne, notamment celle de Moussa Kanté, dit Vieux Kanté, via internet », se souvient l’artiste.

La rencontre est étonnante. Les rythmes des chasseurs dozos du Mali charment l’adepte du blues, amateur de reggae, et la magie opère. Grâce au percussionniste brésilien Jorge Bezerra, Ludovic Navarre s’entoure des meilleurs : Adama Coulibaly, initié au donso n’goni par Sibiri Samaké et protégé de Salif Keïta, Sadio Kone et Guima Kouyate, virtuoses du kamele n’goni et de la guitare, Cheikh Lo Ouza Diallo et Mamadou Cherif Soumano, maîtres de la kora, ou le violoniste Zoumana Tereta et les chanteuses Nahawa Doumbia et Fanta Bagayogo.

S’il lui aura fallu quelques années pour parvenir à « mélanger » ces rythmes africains aux boucles électroniques et atteindre l’authenticité qu’il recherche, l’expérience fait incontestablement mouche avec cet album à son nom, groovy et percussif, produit par Warner Music et mastérisé dans les studios londoniens d’Abbey Road. St Germain est bien de retour, pas forcément où on l’attendait ; il poursuivra une longue tournée en Europe, en compagnie de certains des musiciens ayant participé à l’album.

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Au-delà, difficile de savoir où l’aventure va le mener. « J’aurai sans doute envie d’explorer encore cette musique, d’aller vers quelque chose d’encore plus authentique », imagine le musicien de 46 ans. Et de conclure : « Ça m’obligera peut-être à aller enregistrer au Mali… »

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