Présidentielle guinéenne : un coup KO pour Alpha Condé ?
À la veille du scrutin, le chef de l’État sortant se voit déjà tourner la page Ebola et entamer un second quinquennat plus ambitieux. Mais il lui faudra d’abord affronter sept autres candidats, dont son plus sérieux adversaire, Cellou Dalein Diallo.
Quand les intérêts d’un candidat et ceux d’une population se rejoignent, cela donne un grand barrage. Il n’aura échappé à personne que l’inauguration, le 28 septembre à Kaléta, dans la préfecture de Dubréka, au nord-est de Conakry, d’un ouvrage d’une capacité de 240 mégawatts (MW) par le chef de l’État guinéen, Alpha Condé, est survenue à moins de deux semaines de la date prévue pour l’élection présidentielle, le 11 octobre. L’opportunité a été très tôt saisie par l’intéressé lui-même, qui n’a cessé de tarauder l’entreprise chinoise chargée de son exécution pour qu’elle achève en un temps record (trois ans) ce qui est sans doute la réalisation majeure de son quinquennat.
Près de 3 500 Guinéens et Chinois ont travaillé nuit et jour pour que la lumière soit, Kaléta étant censé combler à court terme plus de la moitié du déficit électrique du pays, à commencer par celui de Conakry. Cette baraka providentielle, Alpha Condé en avait besoin, tant son premier mandat a été, pour lui, frustrant. Les tensions politiques et surtout l’épidémie d’Ebola, qui a mis le pays à l’arrêt pendant près de deux ans, ont bridé l’énergie débordante de ce septuagénaire insatiable et bloqué net la croissance d’un pays où tout était à refaire, y compris l’État.
Cette fois, l’objectif d’Alpha Condé est clair : gagner dès la première manche
Aujourd’hui, alors que le spectre d’Ebola s’éloigne, le président sortant ne demande qu’une chose aux électeurs : qu’ils l’autorisent à reprendre sa marche en avant, qu’ils lui donnent la chance de démontrer qu’après un quart de siècle de dictature féroce et un autre de régime militaire paresseux et prédateur, cinq années de plus suffiront pour que la Guinée sorte définitivement du coma.
Il lui faudra, pour cela, battre sept concurrents. Un poids lourd, Cellou Dalein Diallo, deux poids moyens, Sidya Touré et Lansana Kouyaté, et quatre poids légers. Les trois premiers, qui ont en commun d’avoir dirigé des gouvernements sous le régime militaire, furent déjà ses adversaires en 2010, élection remportée au second tour avec 52,5 % des voix. Cette fois, l’objectif d’Alpha Condé est clair : gagner dès la première manche – ce qui n’est pas impossible, vu l’incapacité de ses concurrents à s’entendre sur une candidature unique.
Mais le vrai défi sera aussi d’organiser une élection apaisée et transparente. Si l’on en croit les dernières conclusions de la mission internationale d’observation, l’essentiel des conditions pour qu’il en soit ainsi sont pour l’instant réunies. Restera à l’ensemble des acteurs, qui ont conclu le 20 août un accord inespéré sur la tenue de ce scrutin capital, à en accepter les résultats…
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