Présidentielle en Côte d’Ivoire : qui sait combien coûte la campagne d’Alassane Ouattara ?
Bien que la loi ne prévoie aucun plafond pour les dépenses, le président promet de se limiter et assure ne pas profiter des facilités de l’État. Ses rivaux en doutent.
La machine Ouattara
Un solide plan de com pour vanter son bilan, une large couverture médiatique, une coalition soudée derrière lui … Le président, qui brigue un second mandat le 25 octobre, semble avoir toutes les cartes en main. Au grand dam de ses adversaires, qui se plaignent de ne pas avoir les moyens de lutter contre lui.
Ce 2 octobre, lors d’un petit-déjeuner au restaurant Bandama de l’hôtel Président de Yamoussoukro, Ally Coulibaly, le ministre de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, interpelle son collègue Jean-Louis Billon, capitaine d’industrie et ministre du Commerce. « Jean-Louis, au fait, quand vas-tu payer ta contribution pour la campagne ? » Éclats de rire de Billon, qui promet de se mettre à jour au plus vite…
Comme lui, tous les cadres et militants de la coalition au pouvoir ont été sollicités. Objectif : lever des fonds pour financer la campagne du chef de l’État sortant, Alassane Ouattara. De généreux donateurs étrangers et des amis personnels du président ont également mis la main à la poche. Tous entendent rester discrets et, surtout, ne pas dévoiler le montant de leur contribution.
Pourtant, la loi ne plafonne ni les frais de campagne ni le montant des dons, et n’interdit à personne (particuliers comme entreprises) de financer une campagne électorale. Un cadre de l’équipe présidentielle indique cependant : « On ne fera rien dans la démesure. Le budget de la campagne a été arrêté et ne devrait pas coûter plus de 10 milliards de F CFA [15 millions d’euros]. » Soit autant qu’en 2010. ADO avait alors dépensé 4 milliards au premier tour et 6 milliards au second.
Quant aux accusations selon lesquelles Alassane Ouattara utiliserait sans vergogne les fonds publics, l’équipe jure, la main sur le cœur, que seuls les 100 millions de F CFA alloués à chacun des dix candidats seront prélevés dans les caisses de l’État. « Depuis le début officiel de la campagne [le 9 octobre], tous les véhicules officiels sont au garage. Le président en a donné l’instruction de la manière la plus ferme », assure Adama Bictogo, le directeur de la mobilisation nationale pour la campagne. À charge pour son trésorier, Birahima Téné Ouattara (plaisamment surnommé Photocopie en raison de sa ressemblance avec le chef de l’État), de faire respecter les consignes de son frère…
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