Libye : Abderrahmane Sewehly, « traître » ou « pragmatique » ?

«Traître » ou « pragmatique », l’un des deux qualificatifs fuse aussitôt qu’est évoqué le nom d’Abderrahmane Sewehly. Ce Misrati de 69 ans serait candidat au poste de vice-Premier ministre du gouvernement d’union nationale, selon un document du Congrès général national (CGN) qui a fuité.

Le très influent député du CGN, le 9 août 2012, à Tripoli. © ESAM AL-FETORI/REUTERS

Le très influent député du CGN, le 9 août 2012, à Tripoli. © ESAM AL-FETORI/REUTERS

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Publié le 26 octobre 2015 Lecture : 1 minute.

Une candidature surprenante pour un élu du CGN qui passait jusqu’alors pour un faucon. Depuis le début de la transition, son nom est souvent associé aux dérives expansionnistes de Misrata. Le siège de Bani Walid ou encore la lutte contre Haftar sont autant de batailles justifiées publiquement par Abderrahmane Sewehly au nom de la poursuite des idéaux révolutionnaires. En 2014, il est réélu (avec beaucoup moins de voix) à la nouvelle assemblée (la Chambre des représentants, destinée à remplacer le CGN), qu’il boycotte aussitôt à cause de sa tendance modérée.

Cet été, l’ONU et l’Union européenne (UE) ont menacé Sewehly de geler ses avoirs à l’étranger – il a longtemps vécu en Angleterre – pour entrave aux négociations internationales. Le rêve de Sewehly, faire revivre l’éphémère République tripolitaine fondée par son grand-père, Ramadan Sewehly, en 1918, s’éloigne. La municipalité de Misrata, bien que respectueuse envers son aïeul, cherche à l’isoler et accepte rapidement la main tendue de l’ONU pour participer aux négociations.

Le député Abdelkader Ouali, opposé aux discussions, évoque une trahison

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La nomination de Sewehly, en septembre, comme membre de la délégation du CGN chargée de négocier la formation du gouvernement d’union nationale est analysée comme une manœuvre de l’aile dure pour bloquer les discussions. Jusqu’à la révélation, le 6 octobre, de sa candidature au sein du possible gouvernement d’union nationale. Le député Abdelkader Ouali, opposé aux discussions, évoque une « trahison ». Les partisans de l’accord saluent en revanche son « pragmatisme », mais restent circonspects. « Il veut surtout éviter de voir ses biens confisqués, c’est pour ça qu’il joue le jeu », assure Almadhi Abdellati, membre du puissant Conseil des entrepreneurs de Misrata. Une chose est sûre : la dynastie Sewehly est de retour.

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