Dans les coulisses du Fima
Des centaines de créateurs, mannequins, stars venus du monde entier… Le dixième Festival international de la mode en Afrique, du 25 au 29 novembre à Niamey, promet d’être exceptionnel.
Le Niger entre deux fronts
Malgré les turbulences qui affectent la région et les menaces terroristes qui planent au nord comme au sud, le pays est en paix. Et Mahamadou Issoufou a eu les coudées franches pour tenter de répondre aux attentes de ses concitoyens. À quatre mois de la présidentielle et des législatives, bilan du quinquennat socialiste.
Les stars du football Samuel Eto’o et Yaya Touré, l’acteur portugais Joaquim de Almeida, la chanteuse nigériane Yemi Alade (interprète du single à succès Johnny), les stylistes Xuly Bët, KikoRomeo ou encore Agnès b… Ce n’est là qu’un petit aperçu des invités attendus à Niamey pour la dixième édition du Festival international de la mode en Afrique (Fima), du 25 au 29 novembre. Et elles ne manqueront pas de compagnie. Les organisateurs ont convié quelque 350 stylistes, mannequins, personnalités du show-biz et des médias à cette grand-messe de la mode africaine, qui devrait réunir plus de 3 000 participants venus du monde entier pour quatre jours de défilés et de concerts.
Rien d’étonnant, à en croire Moulaye Seidnaly, fondateur d’Afrique Prestige, une agence de communication parisienne chargée de la promotion du festival à Paris : « Le Fima célèbre la culture africaine et contribue à son rayonnement à travers le monde. » Autant que le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) ou le Marché des arts du spectacle africain (Masa) d’Abidjan, ne manque pas de préciser le styliste nigérien Alphadi, fondateur du festival et président de la Fédération africaine des créateurs de mode.
L’École supérieure de la mode et des arts à l’honneur
Contrairement aux précédentes éditions, le Fima 2015 se déroulera dans la capitale nigérienne et non sur un site naturel classé par l’Unesco, comme les falaises de Tiguidit, où Alphadi avait organisé le tout premier festival, en 1998. La logistique n’en sera que plus légère et le budget – subventionné par l’État nigérien et différents sponsors – moins lourd : 980 millions de F CFA (près de 1,5 million d’euros). Le thème retenu cette année tient en une formule : « Éducation et industrie pour une Afrique de métissage et de paix ».
Car pour le maître de cérémonie Alphadi, si le continent regorge de multiples talents, l’enjeu aujourd’hui est de donner à ces derniers les moyens de se professionnaliser et de vivre de leur art. Et qui dit professionnalisation dit formation dans un établissement spécialisé dans les métiers de la mode. Les festivaliers pourront donc visiter l’École supérieure de la mode et des arts, encore en construction (d’un coût estimé à 1,5 milliard de F CFA, pour lequel l’État nigérien a promis une contribution de 250 millions).
L’école formera au stylisme et, surtout, au management des industries de la mode, un enseignement qui sera sanctionné par un diplôme de niveau bac + 4. Car les stylistes ne sont pas que des créatifs, ils doivent également être des chefs d’entreprise à même de gérer leur marque. Le prochain Fima pourrait d’ailleurs abriter le premier salon d’échanges entre acheteurs et vendeurs et servir de plateforme de rencontres B2B (« business to business ») entre les créateurs et leurs financeurs potentiels.
Les promoteurs du festival en sont convaincus, une filière génératrice de plusieurs millions d’emplois devrait éclore sur le continent grâce au textile. Ils rêvent même d’une Afrique capable -d’accueillir la production mondiale du prêt-à-porter. Les créateurs du monde entier pourraient par exemple, grâce à l’African Growth and Opportunity Act (Agoa, loi qui facilite l’accès au marché américain de produits en provenance de trente-huit pays africains), inonder les États-Unis de leurs modèles en les faisant fabriquer en Afrique, la Chine devenant de moins en moins compétitive…
La Fima, un tremplin pour les stylistes africains
Avant l’ouverture du festival, deux manifestations organisées par le Fima, particulièrement -mobilisatrices, ont déjà tressé des lauriers à d’heureux élus. La première, le concours Jeunes Stylistes, vise à repérer les jeunes talents de la mode vivant et travaillant sur le continent afin de leur offrir des opportunités de carrière à l’international.
Un jury de professionnels de la mode, réuni le 7 septembre au Musée des arts décoratifs de Paris, a choisi ses dix lauréats 2015 (sept femmes et trois hommes) parmi quelque 400 stylistes africains appelés à concourir. Ils participeront au Fima 2015, à Niamey. Car c’est l’une des particularités du festival : il réunit des créateurs aguerris et renommés, dont certains exercent depuis trente ans (qui défilent sur « le grand podium »), et de jeunes talents, qui, après cinq à dix ans de pratique professionnelle, sont admis sur le petit podium.
L’autre événement « pré-Fima », ce sont les sélections au concours Top Model 2015, devenu un classique : 80 mannequins hommes et femmes, originaires de 40 pays, ont été sélectionnés. Parmi eux, un homme et une femme seront couronnés meilleurs mannequins d’Afrique à l’issue de la compétition. Un titre qui ouvre de réelles perspectives professionnelles.
Les mannequins primés par le Fima sont en effet courtisés tant par les agences que par les créateurs, comme l’Ivoirienne Valérie Ka (lauréate 2003) ou la Camerounaise Amanda Efathel (2013), qui enchaînent les défilés, les séances photos et les campagnes publicitaires à Paris, New York, Tokyo, Madrid… Un succès qu’apprécie Alphadi, même s’il préfère que le Fima soit avant tout un tremplin permettant aux stylistes et aux mannequins de prendre leur envol sur le continent africain.
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