Maurel & Prom : s’unir pour survivre

La compagnie française a annoncé sa fusion avec MPI au Nigeria. Le nouvel ensemble se veut leader européen parmi les juniors pétrolières.

Publié le 3 novembre 2015 Lecture : 4 minutes.

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Dans un contexte marqué par la chute des cours, le géant italien des hydrocarbures réaffirme ses ambitions et son statut en Afrique. Découvrez également dans ce dossier un tour d’horizon complet sur le secteur du gaz et du pétrole en Afrique, des difficultés du français Maurel & Prom à la montée en puissance des traders dans la distribution, des ambitions contrariées du britannique Soco en RDC aux appétits des juniors et majors pour le sous-sol marocain.

Sommaire

Fin août, la compagnie pétrolière française Maurel & Prom a annoncé son projet de fusion avec MPI, son ancienne filiale au Nigeria. La firme compte ainsi avoir un meilleur accès aux marchés financiers, réaliser des synergies de coûts ainsi que des économies fiscales.

Cette fusion intervient dans un contexte tendu, avec la chute vertigineuse des prix du pétrole depuis l’été 2014 – le baril de brent était sous la barre des 50 dollars (44 euros) début octobre. Mais elle permettra au nouveau groupe de renforcer sa capacité financière et d’offrir un mix produit entre l’huile (prix variable) et le gaz (prix fixe) plus favorable. Le projet doit encore être approuvé par les assemblées générales d’actionnaires des deux sociétés, en décembre.

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« La fusion-acquisition n’est jamais une solution aux problèmes, mais elle tient bien compte des perspectives, sur le moyen et le long terme, et apprécie les contraintes de court terme. C’est une bonne opération, peu risquée, en dehors de la question des prix mondiaux du pétrole », indique Francis Perrin, analyste pétrolier et rédacteur en chef du magazine Pétrole et Gaz.

Coté à la Bourse de Paris, MPI a entamé son expansion en 2013 grâce à la création de Saint-Aubin Énergie, un véhicule commun d’investissement avec Maurel & Prom

Le futur ensemble verra sa position renforcée en Afrique, notamment au Nigeria, pays clé, et en Tanzanie, où la production de gaz a démarré en août. Maurel & Prom, pour sa part, opère déjà au Gabon, au Congo-Brazzaville, en Namibie, au Mozambique et en Tanzanie. Quant à MPI, il est l’un des principaux actionnaires de la compagnie pétrolière nigériane Seplat (21,76 %). Coté à la Bourse de Paris, MPI a entamé son expansion en 2013 grâce à la création de Saint-Aubin Énergie, un véhicule commun d’investissement avec Maurel & Prom. Via Saint-Aubin, qu’il détient à 66,67 %, MPI a par ailleurs fait son entrée au Myanmar (gaz) et au Canada (hydrocarbures conventionnels et non conventionnels) et vient d’être qualifié en tant qu’opérateur en Irak. Le rapprochement entre les deux compagnies devrait également permettre de poursuivre l’exploration en Colombie.

Diversification

« Dans un environnement pétrolier difficile, la diversification géographique est un élément clé du renforcement de la sécurité. Par ailleurs, le portefeuille du futur groupe comprend de bons actifs, notamment au Gabon et en Tanzanie, avec des perspectives de mise en production à court terme. C’est un portefeuille équilibré avec des projets d’exploration et de la mise en production. Et la plupart des actifs sont onshore, non techniques, c’est-à-dire avec des coûts de production assez faibles. Ce qui est très important dans une période de cours pétroliers bas », souligne Francis Perrin.

Début octobre, deux actionnaires minoritaires, dont le fonds sud-africain Allan Gray, ont affirmé vouloir faire échouer l’opération, estimant que MPI était largement sous-évalué

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Dans une lettre adressée à ses actionnaires, le 7 octobre, le management de Maurel & Prom explique que la fusion n’est qu’une « réponse transitoire ». L’objectif étant de peser plus lourd dans le secteur, afin de participer en bonne place à sa recomposition et à l’émergence d’un leader européen des sociétés de taille moyenne. Selon le courrier, « les investisseurs privilégient les sociétés de taille critique », la condition pour un meilleur accès aux marchés financiers, pour produire des cash-flows diversifiés, mutualiser les risques et se développer.

« Aucune société de la taille de MPI ou de Maurel & Prom, ni même l’entité fusionnée, ne peut aujourd’hui avoir la prétention de le faire seule », note Maurel & Prom, laissant la porte ouverte à d’autres rapprochements. Des arguments qui n’ont pas convaincu tous les actionnaires. Début octobre, deux actionnaires minoritaires, dont le fonds sud-africain Allan Gray, ont affirmé vouloir faire échouer l’opération, estimant que MPI était largement sous-évalué, l’absorption de ce dernier devant être réalisée sur la base de 1 action Maurel & Prom contre l’apport de 1,75 action MPI.

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Des résultats en forte baisse

Au premier semestre de 2015, la junior française a enregistré un chiffre d’affaires en baisse de 47 %, à 157,8 millions d’euros. Fin juin, elle accusait une perte de 43,7 millions d’euros (+ 59,3 millions d’euros au premier semestre de 2014). Depuis le début de l’année 2015, le titre Maurel & Prom a chuté de 57 %, touchant un point bas annuel à 3,04 euros le 29 septembre, en lien avec la chute massive des cours du brut.

L’arrêt de la production au Gabon, en septembre dernier, après une fuite sur un oléoduc, a accéléré le mouvement. La firme française, qui est désormais valorisée à un peu plus de 400 millions d’euros, reste décotée par rapport à ses fonds propres, estimés à environ 900 millions d’euros. Ses réserves seraient de 207 millions de barils équivalents pétrole.

De son côté, MPI, elle aussi durement frappée par l’effondrement du prix de l’huile, a enregistré un résultat net de 2,2 millions d’euros à fin juin 2015, contre 55,2 millions à la même période l’année précédente.

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