Théâtre : l’homme révolté

La pièce de Marcel Bozonnet et Judith Ertel, « Soulèvement(s) », questionne l’universalité à l’oeuvre derrière les grandes révoltes de l’histoire.

La pièce se joue jusqu’au 25 octobre à la Maison des métallos, à Paris. © Alain Richard

La pièce se joue jusqu’au 25 octobre à la Maison des métallos, à Paris. © Alain Richard

ProfilAuteur_SeverineKodjo

Publié le 21 octobre 2015 Lecture : 1 minute.

Le Printemps arabe a conduit Marcel Bozonnet à s’interroger : « Pourquoi, d’un coup, un peuple décide-t-il d’en finir avec l’oppression et avec la peur ? Le temps s’emballe le vendredi 14 janvier 2011. Ce jour-là révèle que la liberté et la démocratie ne sont pas exclusivement assimilables à une genèse chrétienne. Un monde, que nourrissent spirituellement l’arabité et l’islam, découvre la liberté. »

Avec Judith Ertel, en piochant dans des textes de Bossuet, Victor Hugo, Mirabeau ou Césaire, il a choisi, en proposant des va-et-vient entre la Révolution française et les révoltes arabes, d’affirmer l’universalité des luttes contre l’oppression : peu importe sa culture, l’homme ne saurait s’accommoder d’une vie dictée par la tyrannie, il finira toujours par se révolter. Cette universalité aurait pu être renforcée par le jeu des acteurs (deux hommes et une femme, blancs tous les trois), qui incarnent indifféremment des destins masculins ou féminins, blancs, arabes ou noirs, si l’on n’avait entendu l’esclave Boukman, prêtre vaudou, s’exprimer dans un accent un brin caricatural…

la suite après cette publicité

Prisme français

En fait, le parti pris de cette création axée sur l’histoire de France ne parvient pas toujours à éviter l’écueil d’un ethnocentrisme retors, donnant la désagréable sensation que la lecture du monde se fait toujours à travers un prisme français. Finalement, malgré ses détours en Tunisie, en Égypte et en Syrie, Soulèvement(s) n’est pas une pièce sur les révoltes populaires qui ont ébranlé le nord de l’Afrique et le Proche-Orient en 2011. Mais le prétexte à revenir sur la Révolution française à travers l’histoire de héros anonymes lors de trois moments précis : l’insurrection des esclaves de Saint-Domingue en 1791, les émeutes du sucre à Paris en 1792 et la manifestation qui a conduit le peuple parisien à l’Assemblée nationale le 20 juin 1792.

Soulèvement(s), de Marcel Bozonnet et Judith Ertel, jusqu’au 25 octobre à la Maison des métallos, à Paris. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image