Côte d’Ivoire : Abidjan, la campagne sans tambour ni suspense
Dans la capitale économique ivoirienne, 1,6 million d’électeurs s’apprêtent à retourner aux urnes.
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Il y a cinq ans, les résultats du premier tour de la présidentielle reflétaient de fortes divisions régionales, épousant les bastions des trois principaux candidats. Le 25 octobre, le pays va-t-il oublier ses vieux démons ? À travers tout le territoire, nos envoyés spéciaux ont pris le pouls des électeurs.
La crise post-électorale de 2010 semble bien loin : calme et sérénité règnent pendant cette nouvelle campagne. Morosité et manque de saveur même, diront certains. Il y a cinq ans, les trois mastodontes de la politique ivoirienne – Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié -, adossés à de puissants appareils politiques, menaient le coupé-décalé, donnant un cachet certain à cette période. Mais cette année, le peu de compétition entre les candidats change la donne.
Fini l’époque où les véhicules customisés aux couleurs et portraits des concurrents bigarraient Abidjan. Les patriotes de la coalition La majorité présidentielle (LMP) de Laurent Gbagbo et les jeunes houphouétistes – dont les affrontements avaient dégénéré au second tour – ont déserté le terrain. Il y a cinq ans, remplir les 50 000 places du stade Houphouët-Boigny, la plus grande enceinte sportive de la ville, constituait un enjeu, et une démonstration de force. Ouattara, Gbagbo et Bédié y étaient parvenus. Cette année, le stade n’a été utilisé que pour l’investiture d’ADO et est absent des agendas de campagne.
Les soirées (très) arrosées dans les boîtes de nuit et dans les maquis où se défiaient les jeunes des deux camps ? Un vieux souvenir.
Les longues caravanes qui sillonnaient les quartiers et les communes ont disparu. Les soirées (très) arrosées dans les boîtes de nuit et dans les maquis où se défiaient les jeunes des deux camps ? Un vieux souvenir. « L’ambiance est un peu morose cette année », reconnaît Sidi Touré, le directeur de campagne d’Alassane Ouattara chargé de la jeunesse. Pour tenter de mobiliser davantage, les jeunes de la coalition du RHDP (au pouvoir) ont transformé leur meeting du 12 octobre sur la place Ficgayo, dans la commune de Yopougon (banlieue nord), en concert géant.
« Cette élection est trop bizarre. L’argent ne circule pas. Même pour avoir des gadgets, c’est la croix et la bannière ! » regrette Seydou Traoré, un militant rencontré aux abords de la célèbre rue Lepic, où se trouve le siège historique du RDR, le parti au pouvoir. Dans les QG de campagne, on dispatche encore les gadgets et les affiches, alors que le premier tour arrive à grand pas.
Pascal Affi N’Guessan, le candidat du FPI, se focalise lui sur l’intérieur du pays. Charles Konan Banny, de son côté, mise tout sur la société civile. Et seuls quelques maires du RHDP essaient de sensibiliser les électeurs dans les communes.
Les seuls véritables signes d’une ville en campagne sont les panneaux publicitaires de 16 m2 qui vantent le bilan d’Alassane Ouattara
Mais Sidi Touré ne baisse pas les bras : « Les jeunes doivent se mobiliser et être au cœur de la campagne, même si nous pensons que l’élection est quasiment gagnée. » Le directeur de campagne a d’ailleurs lancé l’opération « J’ai ma carte d’électeur, je suis avec ADO », incitant les jeunes à aller la retirer.
Les seuls véritables signes d’une ville en campagne sont les panneaux publicitaires de 16 m2 qui vantent le bilan d’Alassane Ouattara. Ils trônent dans toute la cité et volent la vedette à ses deux challengers, Pascal Affi N’Guessan et Charles Konan Banny.
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