RDC – Monusco : du pain sur la planche pour Maman Sambo Sidikou

Le 8 octobre, Maman Sambo Sidikou a pris la tête de la Monusco, mais il va avoir fort à faire avec Kinshasa, qui n’a qu’une hâte : se débarrasser des 20 000 Casques bleus déployés sur son sol.

Maman Sambo Sidikou. © AMISOM Public Information

Maman Sambo Sidikou. © AMISOM Public Information

Christophe Boisbouvier

Publié le 28 octobre 2015 Lecture : 3 minutes.

Le diplomate nigérien Maman Sambo Sidikou, 66 ans, sera-t-il le fossoyeur de la mission de l’ONU en RD Congo (Monusco) ? C’est sans doute ce que souhaite le président congolais. « Joseph Kabila est comme ses voisins Denis Sassou Nguesso, Paul Kagamé et Pierre Nkurunziza. Il n’est pas du tout pressé de quitter le pouvoir, confie un ancien responsable des Nations unies à Kinshasa. Mais il est le seul à devoir supporter une mission de maintien de la paix sur son territoire. Pour lui, les 20 000 Casques bleus de la Monusco sont autant de témoins gênants. Son rêve, c’est qu’ils s’en aillent et laissent la place à une agence de développement. » En acceptant de succéder à l’Allemand Martin Kobler à la tête de la Monusco, le 8 octobre, l’ancien ministre nigérien des Affaires étrangères (de 1997 à 1999), qui dirigeait jusqu’alors la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), sait donc ce qui l’attend : un partenariat difficile avec le pouvoir de Kinshasa.

C’est en janvier que les relations se sont brutalement tendues. À l’époque, les Forces armées de la RD Congo (FARDC) et la Monusco devaient mener une opération militaire conjointe contre les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans l’est du Congo. Mais quand Joseph Kabila a nommé à la tête des unités congolaises de la région deux officiers soupçonnés de graves violations des droits de l’homme dans la province de l’Ituri, les généraux Sikabwe Fall et Bruno Mandevu, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a retiré le soutien de la Monusco aux FARDC.

L’entourage de Ban Ki-moon murmure que le pouvoir congolais a sans doute mis en avant ces deux généraux très controversés afin de provoquer le retrait des Casques bleus et de rester seul sur le terrain

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Sept mois après le début officiel de l’offensive anti-FDLR, quel en est le bilan ? Personne n’en sait rien. Aujourd’hui à New York, l’entourage de Ban Ki-moon murmure que le pouvoir congolais a sans doute mis en avant ces deux généraux très controversés afin de provoquer le retrait des Casques bleus et de rester seul sur le terrain. « Avec les FDLR, au niveau local, certaines unités des FARDC peuvent être complices avec des groupes armés, même si ce n’est pas la majorité », confiait Martin Kobler, le 25 septembre, à jeuneafrique.com.

Selon la résolution 2211 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée en mars, la Monusco doit veiller, de concert avec les autorités congolaises, « à la transparence et à la crédibilité du processus électoral » et doit « créer des conditions propices » à la tenue de la présidentielle dans les temps, c’est-à-dire avant décembre 2016. Pas sûr que Joseph Kabila l’entende de cette oreille. En janvier dernier à Kinshasa, quand les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles sur des manifestants de l’opposition et causé la mort d’au moins quarante-deux personnes, selon la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), la Monusco a protesté publiquement.

Avec Kobler, l’effacement politique de la Monusco avait déjà commencé

Aujourd’hui, Martin Kobler se dit inquiet de la recrudescence des violations des droits de l’homme liées au processus électoral. Il dénonce en particulier les atteintes à la liberté de réunion publique. Mais c’est le même Kobler qui a déménagé à Goma, à 1 600 km à l’est de Kinshasa, l’état-major des troupes onusiennes et qui a réduit de cent vingt à dix le nombre d’experts à l’intérieur de la division électorale de la Monusco ! Avec Kobler, l’effacement politique de la Monusco avait déjà commencé. Si son successeur veut inverser la tendance, il n’aura pas la tâche facile.

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