Burkina Faso : un traitement de stars pour l’or et le coton

Révision du code minier et octroi de nouveaux permis pour l’or, amélioration de la productivité pour le coton… Pour soutenir les deux premiers produits d’exportation, le gouvernement met le paquet.

Broyeur de la mine d’or d’Essakane (nord du pays), exploitée par le canadien Iamgold. © IAMGOLD

Broyeur de la mine d’or d’Essakane (nord du pays), exploitée par le canadien Iamgold. © IAMGOLD

Publié le 26 octobre 2015 Lecture : 4 minutes.

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Baisse des cours sur les marchés mondiaux, grèves, pillages de certains gisements, le tout sur fond de révision du code minier… Au Burkina Faso, l’or tangue mais continue de tenir son rang de premier produit d’exportation. Il représente encore près de 20 % des recettes fiscales du pays. Et si l’apport du secteur minier au budget de l’État a chuté de 12 % en 2014, à 168 milliards de F CFA (plus de 256 millions d’euros), la filière aurifère a vu sa production augmenter. Elle est passée de 32 à 36,5 tonnes d’or de 2013 à 2014.

De nouveaux projets à venir dans le secteur de l’or

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En outre, de nouveaux projets devraient entrer en production d’ici à deux ans, notamment dans le centre du pays, à Kiaka (244 km2), où le canadien B2Gold achève ses travaux d’exploration, et à Bomboré (168 km2), où son compatriote Orezone Gold prévoit un investissement d’environ 200 millions de dollars pour le développement du site, dont les réserves sont estimées à 39,6 tonnes. Bomboré devrait à lui seul rapporter au moins 160 milliards de F CFA à l’État au titre des impôts et royalties.

Début 2015, le gouvernement de transition a par ailleurs octroyé quatre permis d’exploitation industrielle dans le sud-ouest du pays : à Konkera SA, filiale de l’australien Centamin Plc, pour le gisement de Batié (64 km2) ; à la junior australienne Gryphon, déjà présente à Banfora, pour l’exploitation du projet Wahgnion (89 km2), près de Dakoro ; à Houndé Gold Operation, filiale du canadien Endeavour Mining, déjà opérateur du site de Youga (sud-est), pour le gisement de Houndé (23 km2) ; et au canadien Roxgold Sanu (déjà présent à Yaramoko) pour la mine de Bagassi (15 km2), dans la province des Balé.

L’adoption du nouveau code minier

Dans le même temps, compte tenu de l’importance du secteur, le Conseil national de transition a placé sa réforme parmi les priorités. Le 26 juin, il a adopté un nouveau code minier, promulgué mi-juillet par Michel Kafando, le président par intérim. Le précédent code, qui datait de 2003, rendait le Burkina extrêmement attractif pour les sociétés privées étrangères grâce à une fiscalité très (voire trop) avantageuse. Aussi, comme le réclamaient les bailleurs de fonds et la société civile, le nouveau texte modifie l’imposition sur les activités minières de façon à ce que le secteur profite davantage à l’économie du pays et à sa population.

La production de l'or au Burkina Faso © J.A.

La production de l'or au Burkina Faso © J.A.

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Certains craignent un tassement des investissements. « Ce prélèvement d’une taxe de 1 % sur le chiffre d’affaires des sociétés minières autorisé par le nouveau code est assez élevé… Nous avions préconisé un taux de 0,5 %. De même, la suppression de certains avantages fiscaux est clairement un mauvais signal pour le secteur », s’inquiète Aboubacar Sidikou, secrétaire général de la Chambre des mines. « Les opérateurs miniers recevaient des cadeaux fiscaux très importants. Avec le nouveau code, les sociétés minières devront s’acquitter de la même fiscalité que n’importe quelle entreprise sur le sol burkinabè », souligne quant à lui l’économiste Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, rapporteur de la Commission de réformes et réconciliations. En outre, pour que le pays reste « compétitif », le nouveau code n’a pas modifié la participation de l’État au capital des mines exploitées par des sociétés étrangères, qui reste de 10 %.

Le gouvernement favorable à la production du coton

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Le gouvernement de transition s’est également efforcé de soutenir le deuxième grand produit d’exportation du pays, le coton, qui fait vivre bon an mal an près de 3,5 millions de paysans – là encore, malgré une conjoncture internationale morose et des cours à la baisse, auxquels est venue s’ajouter la désaffection des professionnels pour le coton transgénique. Ces derniers auraient en effet constaté que la fibre de coton génétiquement modifié devenait plus courte, ce qui a affecté l’image du coton burkinabè et son commerce sur les marchés internationaux.

Afin de sécuriser la production et face à la grogne de certains cotonculteurs qui menaçaient de boycotter la campagne, l’État a augmenté de 10 F CFA le prix d’achat du kilo de coton

Le pays a donc décidé de prendre ses distances vis-à-vis des semences de l’américain Monsanto en réduisant la superficie cultivée en coton OGM, qui devrait passer de 73 % à 55 % pour la campagne 2015-2016. Par ailleurs, afin de sécuriser la production et face à la grogne de certains cotonculteurs qui menaçaient de boycotter la campagne, l’État a augmenté de 10 F CFA le prix d’achat du kilo, qui passe à 235 F CFA pour le coton-graine premier choix et à 210 F CFA pour le second choix. Une décision saluée par l’Interprofession du coton, l’organe paritaire de gestion de la filière, en dépit d’une baisse de la subvention globale au secteur, réduite à 7 milliards de F CFA contre 9,23 milliards de F CFA lors de la précédente campagne.

Malgré la baisse des cours qui, selon les économistes, devrait se poursuivre, les professionnels comptent augmenter les exportations, comme l’an dernier, grâce à une très bonne récolte, dont une grande partie avait été vendue par anticipation. Ils espèrent tenir le cap des 800 000 tonnes de coton-graine fixé pour la prochaine campagne, contre 710 000 t en 2014-2015.

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