Proche-Orient : au nom du Temple et d’Al-Aqsa
Le troisième lieu saint de l’islam est-il menacé, comme l’affirment les Palestiniens pour justifier leur soulèvement ? Tel-Aviv assure que non. Qu’en est-il exactement ?
Depuis le début du mois d’octobre, de violents heurts opposent les soldats israéliens à de jeunes lanceurs de pierres palestiniens en Cisjordanie. Ces affrontements, qui rappellent des scènes bien connues, s’accompagnent d’une série d’attentats en Israël, essentiellement menés à l’arme blanche. Leurs auteurs ont entre 13 et 25 ans, et sont originaires de Jérusalem-Est ou des villes arabes israéliennes de Galilée. Sur les réseaux sociaux, encouragés par le Hamas, qui appelle à une troisième Intifada, certains annoncent leurs actes en expliquant vouloir protéger la mosquée Al-Aqsa, menacée selon eux de destruction par Israël.
Troisième lieu saint de l’Islam, et premier du judaïsme
Le troisième lieu saint de l’islam semble donc à l’origine de ce nouveau cycle de violences. Annexé par l’État hébreu en 1967 à l’issue de la guerre des Six-Jours, ce site est aussi le premier lieu saint du judaïsme. Pour éviter une confrontation avec le monde arabe, Tel-Aviv avait immédiatement confié la gestion des lieux au Waqf, une fondation religieuse contrôlée par la Jordanie.
D’après le livre d’Ézéchiel, la reconstruction de ce lieu sacré permettra la venue du Messie et la rédemption du monde
Selon les règles en vigueur, dites du statu quo, les visiteurs non musulmans – juifs ou chrétiens – ont le droit de se rendre sur l’esplanade sous escorte et à condition qu’ils n’y organisent pas de prières. Mais depuis les années 1980, un courant messianique juif tente de remettre en question ce fragile modus vivendi. Ses adeptes, en nombre croissant, exigent qu’y soient établis des horaires de prière pour les juifs et les musulmans, à l’image de ce qui se fait au Caveau des patriarches, à Hébron.
En réalité, sous couvert de liberté religieuse, ils tentent de réaffirmer la souveraineté juive sur ce lieu qui, jadis, abrita le Temple du roi David, détruit par les Babyloniens, puis par les Romains, et dont le seul vestige est le Mur des lamentations. D’après le livre d’Ézéchiel, la reconstruction de ce lieu sacré permettra la venue du Messie et la rédemption du monde.
Un lieu qui concentre les tensions religieuses et politiques
Ces dernières années, par petits groupes, ces juifs religieux pénètrent sur le mont du Temple et se prêtent à des provocations en tentant de prier à haute voix. La plupart du temps, ils sont immédiatement expulsés par la police israélienne qui les escorte. Les agents du Waqf interviennent également pour rapporter la moindre violation du statu quo en vigueur. Plus d’une fois, la Jordanie a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv, menaçant même de rompre l’accord de paix avec Israël si rien n’était fait contre ces fanatiques.
Sur l’esplanade des Mosquées – ou mont du Temple pour les juifs -, les tensions sont également provoquées par les mourabitoune (les sentinelles d’Al-Aqsa), des musulmans payés par des organisations islamistes – elles-mêmes financées par des pays du Golfe – pour perturber l’entrée de fidèles juifs sur le lieu saint. Parfois, de jeunes Palestiniens se réfugient la nuit à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa – en violation du statu quo – et déclenchent des affrontements avec les visiteurs, obligeant les forces de sécurité israéliennes à intervenir de manière musclée.
Benyamin Netanyahou, a dénoncé une campagne mensongère et des incitations à la haine, notamment du Mouvement islamique en Israël, dirigé par Raed Salah
Ces images d’affrontements suscitent à chaque fois les vives condamnations du monde arabe, qui ne cesse de mettre en garde Israël contre les risques d’embrasement régional. Tout en réaffirmant haut et fort son engagement à faire respecter le statu quo, allant jusqu’à interdire à ses ministres de se rendre sur l’esplanade, le chef du gouvernement, Benyamin Netanyahou, a dénoncé une campagne mensongère et des incitations à la haine, notamment du Mouvement islamique en Israël, dirigé par Raed Salah. Mais Netanyahou est aussi pressé par ses alliés radicaux, comme son ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, chef de file des colons, qui avait estimé, l’an passé, qu’il était temps de changer les règles du jeu sur l’esplanade des Mosquées…
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