Scandale à la Fifa : Issa Hayatou, l’homme qui passait entre les gouttes

Pour ses (nombreux) détracteurs, c’est un petit miracle. Pour ses partisans, une issue logique. Issa Hayatou (69 ans) est à ce jour l’un des rares responsables de la Fifa à ne pas avoir été emporté par la tornade anticorruption qui balaie la Fifa depuis quatre mois.

Issa Hayatou, président intérimaire de la Fifa. © JACQUES TORREGANO POUR J.A.

Issa Hayatou, président intérimaire de la Fifa. © JACQUES TORREGANO POUR J.A.

Publié le 22 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le Camerounais n’a en effet été inquiété ni par la justice américaine, ni par la justice suisse, ni par la commission d’éthique de la Fifa, celle-là même qui a provisoirement suspendu Michel Platini et Sepp Blatter. « Pourquoi le serait-il puisqu’il n’a rien à se reprocher ? » s’étonne un de ses proches collaborateurs à la Confédération africaine de football (CAF), qu’il préside depuis vingt-huit ans. « Avec tout ce qui se passe actuellement à la Fifa, pensez-vous vraiment qu’il n’aurait pas été cité s’il avait des choses à se reprocher ? C’est bien la preuve qu’il est clean », renchérit l’un de ses amis. Le nouveau président intérimaire traîne pourtant quelques encombrantes casseroles.

Il y a d’abord cette vieille histoire liée au scandale ISL, la société qui gérait les droits de retransmission de la Coupe du monde dans les années 1990, dont on s’aperçut après coup que l’une des principales activités consistait à verser des rétrocommissions. En 1995, elle aurait ainsi versé, en espèces, à Hayatou 100 000 francs français (15 000 euros). Selon le Camerounais, cet argent ne lui était pas destiné, c’était un cadeau pour le 40e anniversaire de la CAF. Une défense qui n’a pas convaincu le Comité international olympique (CIO), dont il est membre, et qui, en 2011, lui a infligé un blâme (quand d’autres ont été contraints de démissionner).

Phaedra Almajid jure avoir vu, en 2010, Hayatou et deux autres dirigeants du foot africain monnayer leur vote en faveur du Qatar en échange de 1,5 million de dollars

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Il y a aussi les accusations (sans conséquences judiciaires, à ce jour) du Sunday Times, qui, en juin 2014, dévoila l’immense machine à corrompre mise en place par le président de la confédération asiatique, le Qatari Mohamed Bin Hammam, dans le but de se faire élire à la présidence de la Fifa – il en a été banni à vie en décembre 2012. À en croire le journal britannique, Hayatou était au cœur de ce dispositif. L’intéressé s’en défend bec et ongles, et jure n’avoir jamais participé aux « sauteries » financées par Bin Hammam dans des palaces asiatiques.

Il y a enfin le témoignage de Phaedra Almajid, qui, au sein de l’équipe de campagne du Qatar pour l’obtention de la Coupe du monde 2022, était chargée de la communication. La dame jure avoir vu, en 2010, Hayatou et deux autres dirigeants du foot africain monnayer leur vote en faveur du Qatar en échange de 1,5 million de dollars. Ce deal aurait eu lieu en Angola, lors d’un Congrès de la CAF au cours duquel l’émirat avait pu présenter son projet en échange de 1,8 million de dollars. Réponse outrée de Hayatou : « Je n’ai jamais vu cette femme de ma vie, elle raconte n’importe quoi ! On lui demande de fournir des preuves, elle n’en apporte pas. » Et lui n’a pas été inquiété.

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