Yoann Lhonneur : « Dans la zone UEMOA, 37 % à 51 % des agences seront créées par des banques marocaines »

Pour « Jeune Afrique », le directeur associé du cabinet Devlhon Consulting analyse la stratégie des banques marocaines dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Selon Yoann Lhonneur, les réseaux d’agences devraient croître de 52 % à 96 % d’ici à 2025 dans l’espace UEMOA. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Selon Yoann Lhonneur, les réseaux d’agences devraient croître de 52 % à 96 % d’ici à 2025 dans l’espace UEMOA. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 20 janvier 2016 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Au cours des dernières années, les banques marocaines ont représenté plus de la moitié des ouvertures d’agences dans l’UEMOA. Cette tendance va-t-elle se poursuivre ?

Yoann Lhonneur : Globalement, oui. D’ici à 2025, selon notre benchmark Devlhon Consulting, les réseaux devraient croître de 52 % dans le scénario le plus pessimiste et de 96 % dans le plus optimiste. Les banques marocaines sont bien placées pour prendre la part du lion : elles sont présentes sur la quasi-totalité de la zone, la plupart du temps dans les tops 3 locaux. Et il n’y a que deux pays où elles ne sont pas toutes les trois présentes. Selon nos hypothèses, ces institutions ont la capacité de capter de 37 % à 51 % de la croissance du parc d’agences dans la zone UEMOA au cours des dix prochaines années.

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De nouveaux entrants ou des acteurs arrivés légèrement plus tard, telle la Banque populaire du Maroc, peuvent-ils rattraper leur retard ?

Les positions ne sont pas figées. Il peut y avoir un « avantage aux seconds arrivants », qui bénéficient d’une dynamisation commerciale, même si l’expérience joue un rôle important dans la maîtrise des risques. Dans ces zones, l’adaptation du mix produits-risques peut receler une certaine complexité. En ce qui concerne Banque populaire, le modèle décentralisé – via ABI [Atlantic Business International], le holding basé en Côte d’Ivoire -, assez différent des modes d’expansion adoptés par Attijariwafa Bank, pourrait représenter un facteur d’agilité.

L’extension des réseaux bancaires physiques est à la fois un prérequis et un moteur pour leur montée en puissance

Dans un secteur l’on parle surtout de mobile banking et d’innovation en matière de distribution, le modèle très intensif en agences que semblent adopter les banques marocaines a-t-il un avenir ?

La croissance des canaux digitaux contribuera à accélérer l’expansion des agences. Ce n’est pas sans raison que Société générale a simultanément annoncé des plans de développement en Afrique par ouverture d’agences et un lancement ambitieux dans le mobile banking. L’extension des réseaux bancaires physiques est à la fois un prérequis et un moteur pour leur montée en puissance, et les banques marocaines disposent d’un savoir-faire pointu en la matière. Elles ont su créer, à elles trois, plus de 1 600 agences au Maroc depuis 2006, presque autant que toute la zone UEMOA actuelle. Avec 107 % de croissance et, certaines années, des pics de 100 nouvelles agences créées par an et par banque. Dans l’espace UEMOA, la plupart des réseaux comptent aujourd’hui moins de 50 agences par pays. De manière générale, certains marchés pilotes font office d’incubateurs d’innovation, notamment pour conquérir le « secteur informel ».

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