Au Sénégal, ils sont les pionniers de l’assurance

Avec Jean Kacou Diagou et Pathé Dione, Diouldé Niane fait partie des entrepreneurs africains qui ont vécu le développement de l’assurance sur le continent. Rencontre avec le fondateur de Sonam et Mamadou Diop, l’un de ses proches collaborateurs.

Diouldé Niane (à gauche) et Mamadou Diop. © Vincent Fournier et Sylvain Cherkaoui pour JA

Diouldé Niane (à gauche) et Mamadou Diop. © Vincent Fournier et Sylvain Cherkaoui pour JA

ProfilAuteur_FredMaury 7174

Publié le 2 février 2016 Lecture : 3 minutes.

«Nous mesurons les risques que nous prenons, nous ne voulons pas faire du chiffre pour faire du chiffre. » Trente-trois ans après avoir fondé Sonam, l’un des plus anciens groupes d’assurances ouest-africains à capitaux locaux, Diouldé Niane a gardé son âme de technicien : prudence et gestion des risques avant tout.

Le Sénégalais, diplômé de l’Institut des actuaires de Lyon (en France), a vu naître les groupes régionaux NSIA et Sunu, fondés dans les années 1990 par les entrepreneurs africains Jean Kacou Diagou et Pathé Dione. « Nous avons vécu ensemble le développement de l’assurance sur le continent, raconte-t-il. Grâce à leur expérience au sein de l’UAP et des Mutuelles du Mans, ils ont eu accès à des opportunités qui leur ont permis de fonder leurs groupes respectifs. J’avais été sollicité à l’époque pour reprendre les participations des groupes français qui se désengageaient d’Afrique, mais les conditions ne me convenaient pas, car il fallait reprendre en l’état. »

la suite après cette publicité

Résultat : Sonam est resté cantonné au Sénégal, où il est le premier groupe d’assurances, quand ses « petits frères » NSIA et Sunu rayonnent dans de nombreux pays de la zone de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima).

Mais depuis peu, les choses changent. Le groupe a en effet décidé de s’étendre dans la sous-région. « Nous visons à la fois l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest », affirme Diouldé Niane.

La première étape s’est réalisée discrètement avec l’acquisition en septembre 2015 de 51 % de la compagnie ivoirienne Alliance africaine d’assurances (3A) pour 1,05 milliard de F CFA (1,6 million d’euros). 3A, qui détient environ 1 % du marché non-vie de Côte d’Ivoire, avait été placée sous surveillance par la Commission régionale de contrôle des assurances (CRCA) en mai. Une autre étape en zone Cima a été franchie depuis, avec la création d’une société vie au Cameroun en partenariat avec Zenith Assurances. « Pour des raisons de cohérence, nous voulons accompagner nos clients dans l’espace communautaire. Et puis nous ne voulons pas être marginalisés », explique Mamadou Diop, directeur général de Sonam Assurances.

Un acteur historique

la suite après cette publicité

L’origine de Sonam remonte à la création, en 1956, d’AOF Assurances, une mutuelle d’assurances agricoles de l’époque coloniale. Dix ans plus tard, après l’indépendance, celle-ci sera transformée en véritable société de droit sénégalais, la Mutuelle d’assurances agricoles du Sénégal (Maas). C’est là que Diouldé Niane fait ses premiers pas, en tant que responsable technique, avant d’en devenir le directeur général. En 1972, il crée le groupe Sonam, actif à la fois dans l’IARD (Sonam Assurances) et le segment vie (Sonam Vie), et détenu majoritairement par des mutuelles (même si Diouldé Niane possède une petite part du capital des sociétés anonymes filiales).

Au cours des années 1990, l’État du Sénégal se désengage du secteur en abandonnant ses activités d’assurances, de crédit et de cautionnement. Naît alors la Société nationale d’assurances du crédit et du cautionnement (Sonac), qui fait elle aussi partie du groupe Sonam.

la suite après cette publicité

Le groupe compte aujourd’hui six sociétés (dont Maas). « En étant actifs sur tous les segments du marché, nous sommes en mesure de présenter une offre complète », se réjouit Mamadou Diop.

15,5% de parts de marché

Grâce à son ancienneté et à son expertise, et avec un chiffre d’affaires consolidé de 15,464 milliards de F CFA, Sonam est aujourd’hui leader au Sénégal avec une part de marché de 15,5 % et 89 employés. Sur l’assurance-vie, Sonam tient les premiers rôles (26 % du marché). En IARD, en revanche, il n’est que quatrième (11,71 %). Pourquoi une telle contre-performance au regard des autres pôles du groupe ? « Avec seize entités, le segment de l’assurance IARD est plus atomisé, analyse Mamadou Diop. Dans le segment vie, encore très peu développé au Sénégal mais où les rendements sont beaucoup plus élevés, il n’y a que sept sociétés. »

Pour Mamadou Diop, c’est au président-fondateur que le groupe doit sa persistance malgré la concurrence étrangère : « Contrairement à nombre d’autres pionniers du secteur, Diouldé est un pur produit des assurances. Il figure parmi les premiers diplômés en actuariat au Sénégal. » Mamadou Diop, qui a débuté comme chef de produit, insiste sur ses liens très forts avec le groupe, dont le siège est situé dans un très chic immeuble de la non moins huppée avenue Léopold-Sédar-Senghor, à quelques encablures du palais présidentiel.

Diouldé Niane sait qu’une nouvelle ère s’ouvre avec les récentes implantations africaines. Ce sont les deux sociétés anonymes du groupe, Sonam Assurances et Sonam Vie, qui porteront ces développements. Mais, bon sens oblige, « nous nouerons des alliances locales avec des entreprises et des banques », assure le PDG.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image