Faut-il craindre le boom de la microfinance ?

L’Afrique compte plusieurs milliers d’institutions spécialisées dans le microcrédit. Certaines atteignent la taille de banques. « Jeune Afrique » s’arrête sur quelques mastodontes et les problèmes qu’ils posent.

Vue de l’intérieur de l’agence Advans d’Adjamé, à Abidjan (Côte d’Ivoire). Le réseau de microfinance est présent dans sept pays africains. © Advans SA

Vue de l’intérieur de l’agence Advans d’Adjamé, à Abidjan (Côte d’Ivoire). Le réseau de microfinance est présent dans sept pays africains. © Advans SA

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Publié le 27 janvier 2016 Lecture : 2 minutes.

Près de 1 800 : c’est le nombre impressionnant d’institutions de microfinance et de coopératives de crédit recensées en Afrique subsaharienne. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter, mais qu’il faut prendre avec prudence. Dans leur immense majorité, les systèmes financiers décentralisés – pour employer un jargon bancaire – restent de petits acteurs totalisant moins de 5 millions de dollars (4,1 millions d’euros) d’actifs.

Mais les choses changent vite : selon les statistiques de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’encours de crédits des systèmes financiers décentralisés de la zone a bondi de 70 % entre 2009 et 2014, pour atteindre 855,7 milliards de F CFA (1,3 milliard d’euros environ). Surtout, quelques mastodontes ont émergé. La Cameroon Cooperative Credit Union League (Camccul) a doublé son porte-feuille de prêts depuis 2009, qui atteint désormais l’équivalent de 186,7 millions de dollars.

Le Crédit mutuel du Sénégal a multiplié son total de bilan par 6 en dix ans, dépassant ainsi les filiales locales de Banque Atlantique et Bank of Africa (BOA)

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Au Congo, le total de crédit de la fédération des Mutuelles congolaises d’épargne et de crédit (Mucodec) a augmenté de 137 % sur la même période, pour dépasser les 80 millions de dollars. Et le Crédit mutuel du Sénégal a multiplié son total de bilan par 6 en dix ans, dépassant ainsi les filiales locales de Banque Atlantique et Bank of Africa (BOA) et approchant de près celle de BNP Paribas.

Inquiétant ? Sans doute, car même si les autorités de tutelle surveillent désormais de près les grandes institutions de microfinance, le nombre important d’acteurs rend le chantier complexe. La professionnalisation du métier est toutefois un facteur rassurant : des groupes structurés, soutenus par les institutions financières de développement internationales, prennent rapidement de l’ampleur (Microcred, Access Holding, Advans, etc.).

Les banques, partenaires traditionnels des systèmes financiers décentralisés (elles conservent leurs dépôts et leur octroient des liquidités), s’impliquent de plus en plus dans la microfinance. Soit en développant leurs propres structures, comme le fait Ecobank avec son réseau Pan-African Savings and Loans. Soit en prenant ici et là des parts de capital, comme l’a fait BOA dans plusieurs filiales de Microcred.

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