Afrique centrale : des établissements de microfinance à haut risque ?
Des structures assez grosses pour inquiéter le FMI : en mai, l’institution de Bretton Woods alertait sur la nécessité de renforcer la supervision des grands établissements de microfinance de la Cemac.
Certains, à l’instar des Mutuelles congolaises d’épargne et de crédit (Mucodec, Congo), de la Cameroon Cooperative Credit Union League (Camccul) et du Crédit communautaire d’Afrique (CCA, Cameroun) ont atteint la taille de véritables banques. Avec environ 80 000 emprunteurs, Camccul affichait 311 millions de dollars (environ 240 millions d’euros) d’actifs fin 2014. Soit presque autant que la filiale camerounaise du groupe BGFI Bank ! Avec leurs 425 millions de dollars d’actifs, les Mucodec se classent 25es des institutions financières d’Afrique centrale. Un rang suffisant pour faire courir un risque systémique au secteur bancaire de leur pays, estime le FMI.
Une surveillance renforcée
Dans toute la zone, ce sont près de 800 établissements de microfinance qui opèrent. Plus de la moitié sont basés au Cameroun. Une gageure pour l’organisme de supervision, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), qui s’estime doté d’effectifs insuffisants. Le régulateur a édicté un plan comptable pour le reporting des informations financières, et il affirme avoir effectué depuis 2007 trois séries de contrôles. « Grâce à son action, une consolidation s’est opérée au sein de ces établissements. Les audits et la surveillance se sont considérablement renforcés », reconnaît Maximin Ongolo, sous-directeur chargé de la microfinance au ministère camerounais des Finances.
La Cobac voudrait procéder à une répartition des rôles. Tout en conservant les pouvoirs réglementaire, disciplinaire et de sanction, elle charge les autorités nationales d’un pouvoir administratif de contrôle, qui se traduit entre autres par l’octroi et le retrait d’agréments. Le ministère camerounais des Finances a ainsi établi une liste des trente institutions de microfinance les plus importantes sur lesquelles exercer une surveillance de tous les instants.
Le risque systémique n’est cependant pas totalement évacué étant donné les liens étroits entre ces structures et les banques. « Le danger peut venir des deux côtés. Les dépôts des institutions de microfinance, surtout les plus importantes, auprès des banques sont considérables. La défaillance de l’une d’elles peut conduire à la catastrophe », conclut Maximin Ongolo.
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